20% de la fréquentation habituelle sur la même période : voilà l’étiage – sacrément bas – auquel se situent les cinémas depuis leur réouverture, le 22 juin dernier. La médiocrité de l’offre de films n’aide sans doute pas, ni du côté des grosses comédies (Tout simplement noir, au mieux, Divorce club, irregardable au pire), ni du côté de l’art et essai (excepté notre film coup de coeur The King of Staten Island de Judd Apatow), pourtant plus prolifique, avant tout côté français. Qu’aucun film ne tire vraiment son épingle du jeu dans une période dans une période aussi faible, montre aussi en creux le niveau de la production cinématographique en général (dans les 50 films de ladite sélection Cannes 2020, lequel avez-vous vraiment envie de voir ? Malheureusement, l’horizon n’est pas plus bleu et il est à craindre que cette remise en route poussive ne s’ankylose. Vue la situation aux Etats-Unis, tout le cinéma hollywoodien est repoussé aux calendes grecques : le Mulan chinois de Disney n’est même plus daté, tandis que les suites d’Avatar ou de Star Wars, franchises reines du box office, sont maintenant repoussées jusqu’en 2025, et aucune n’est envisagée avant fin 2022… Deux ans à attendre, d’autant plus longs que la pandémie du Covid paralyse l’ensemble des tournages sur la planète : Amériques du Sud comme du Nord, Corée, Inde, Chine, Russie, Balkans, Australie, Espagne, Angleterre, Italie… Si l’on compte en moyenne un an au minimum pour finaliser un film avant sa sortie, nous ne reverrons a priori donc pas une offre à peu près habituelle et diversifiée de cinéma international avant 2022, et même Cannes 2021 a du souci à se faire… Bref, l’année blanche évoquée un temps pour le spectacle vivant pourrait bien être celle du cinéma, et rien ne dit que la boulimie de sorties de cinéma français suffisent à attirer un public suffisamment nombreux dans les salles. Seul espoir : la sortie du Tenet de Christopher Nolan avec Robert Pattinson, longtemps différée, est aujourd’hui fixée au 26 août, en attendant le nouveau James Bond en novembre. Reste à savoir si une hirondelle suffira à faire le printemps du cinéma…