En plein succès, Juliette Arma­net revient pour sa nouvelle tour­née Brûler le feu sur la scène du théâtre antique de Four­vière là où elle avait enre­gis­trée son premier live en 2019.

C’est un peu notre Kate Bush à nous : une façon on ne peut plus person­nelle de faire sonner les aigus, de doubler sa voix et de rester dansante même quand elle chante la soli­tude amou­reuse. Pour­tant, Juliette Arma­net a tout de suite imposé son style. Ses mots sont simples, ses mélo­dies sonnent immé­dia­te­ment à nos oreilles et ses chan­sons résistent à plusieurs écoutes, deve­nant univer­selles, tant elles gardent une part de mystère. Son écri­ture, limpide que ce soit dans les méandres ludiques d’Alexandre (enre­gis­tré à Four­vière juste­ment sur son live 2019) ou dans les arran­ge­ments synthé­tiques d’À la folie, lorgne vers une pop atmo­sphé­rique à la française dont Chris­tophe serait le héraut déchu. Mais Juliette Arma­net est surtout une bête de scène, jamais dans l’ex­cès de maîtrise mais davan­tage dans le lâcher-prise, même si sa voix nous donne le vertige, comme dans sa version française d’I feel it coming, trans­formé avec malice érotique en “je te sens venir”. Parfait pour l’été.

Juliette Arma­net (photos Studio l’Etiquette).

Brasier brûlant

C’est une fille du Nord. Une fille de lettres aussi, passée par Hypo­khâgne et le jour­na­lisme. Le genre de fille avec qui on irait bien boire une bouteille de vin pour parler de litté­ra­ture, et d’amour, bien sûr. Le genre d’ar­tiste qui fait l’una­ni­mité, à sa place dans la chan­son française comme l’était son idole Michel Berger, elle qui débarque sur scène avec une telle éner­gie qu’on s’aban­donne à sa musique, conquis. De ses premières chan­sons compo­sées à 14 ans à son premier succès fulgu­rant, Juliette Arma­net a pris son temps pour arri­ver au sommet. Elle a 33 ans quand son premier album, Petite Amie, est nommé révé­la­tion de l’an­née 2018 aux Victoires de la Musique. Un bijou, foison­nant d’airs mélan­co­liques et pop à la fois. Brûler le feu, son deuxième opus parti­cu­liè­re­ment attendu, a illu­miné la fin d’an­née 2021, plom­bée par on ne sait plus quelle vague d’une pandé­mie inter­mi­nable. 

Le dernier jour du disco

Car il y a dans ses mélo­dies ce truc unique, intem­po­rel et univer­sel, qui agit comme un baume sur les myocardes les plus abîmés. Un vertige de l’amour à la Sanson, version 2022 : « Baby j’ai le rouge aux joues, t’as mon amour comme seul bijou  ». Sur le morceau Tu me Play, son «  visage comme une allu­mette » signe notre retour à la fête, nous aussi les joues rougies de retrou­ver le fris­son de chan­ter collés-serrés sans masques, embal­lés par sa propo­si­tion de tout brûler avec grâce. La première fois qu’elle est venue à Lyon, seule au piano, c’était en première partie de Philippe Kate­rine au Radiant, avant d’y reve­nir en mars dernier en haut de l’af­fiche, comme on disait dans le monde des varié­tés au temps de ses parents (jour­na­listes). Aujourd’­hui, grim­pant sur son piano à queue dans son costume à paillettes (qui fait ça aujourd’­hui ?), Juliette Arma­net est aussi drôle qu’é­lé­gante, traqueuse jusqu’à en oublier parfois les paroles de ses chan­sons, avant de se rattra­per en grande musi­cienne. Bref, après les deux dates de Nick Cave, les deux dates à Four­vière sont l’autre rendez-vous incon­tour­nable pour que les Nuits de Four­vière soient plus belles que vos jours. M.B. et L.H.

Juliette Arma­net. Jeudi 30 juin et lundi 4 juillet à 21h30 au théâtre antique des Nuits de Four­vière, Lyon 5e. 43 €.