« Walt Disney présente« … David Lynch ! Quand tout le monde le croit en fin de vie, un papy obstiné travers un bon bout d’Amé­rique en… tondeuse à gazon ! Car Alvin Straight (d’où le titre origi­nalThe Straight Story) n’aime pas être conduit. Il n’a pas son permis de conduire et trouve que « c’est éton­nant ce qu’on voit quand on est assis« . Même quand Lynch se fait mains­tream et limpide, il en reste atypique. Et la rencontre finale avec ce frère avec qui il est resté fâché vaut son pesant d’hu­mour lynchéen, entre un éclopé au bout de sa route et un misan­thrope reclus sur son déam­bu­la­teur au fin fond du Wiscon­sin…

Richard Farns­worth sur sa tondeuse à gazon.

Une Histoire vraie, contre­point à toute l’oeuvre de David Lynch

Il y a une ironie sourde quant à nos modes de vie cita­dins dans ce film solaire et on ne peut plus simple (« straight ») qui sert de contre­point à toute l’oeuvre de Lynch. Le cinéaste reprend la route de Lost High­way, mais au ralenti, et s’ap­pro­prie cette fois le genre on ne peut plus améri­cain du road movie comme il l’avait fait avec le film noir. Fini les monstres et les laby­rinthes tordus, il filme cette fois les gens, à commen­cer par le génial Richard Farns­worth, qui craque une allu­mette pour allu­mer son cigare exac­te­ment comme David Lynch en John Ford dans The Fabel­mans, le dernier Spiel­berg.

Un bouchon sur la route, l’iro­nie sourde de David Lynch.

En gardant ses cadres à la Hopper (Edward) et la sublime musique d’Angelo Bada­la­menti digne d’un Clint East­wood, David Lynch conjure les malheurs des lais­sés pour compte par l’har­mo­nie de la rencontre et l’ac­cep­ta­tion du rythme des jour­nées. Faux film modeste, Une Histoire vraie montre sans cesse l’Ame­ri­cana et l’am­pleur des paysages jusqu’aux étoiles. Comme un Spiel­berg qui aurait su être singu­lier.

Une Histoire vraie de David Lynch (The Straight Story, 1999, EU, 1h44) avec Richard Farns­worth, Sissy Spacek, Harry Dean Stan­ton… En replay sur Arte jusqu’au vendredi 11 août et en live lundi 7 août à 20h50. Le film fera aussi l’ou­ver­ture de la saison et de la rétros­pec­tive David Lynch à l’Insti­tut Lumière jeudi 24 août à 19h, Lyon 8e, présenté par Thierry Frémaux.