On l’at­ten­dait pour James Bond le 6 octobre, il sera fina­le­ment prêt pour la sortie de Dune dès le 18 septembre. Le plus grand cinéma de Lyon (18 salles de 102 à 352 places, 3 niveaux sur le toit de la Part-Dieu avec un hall sous verrière d’un hauteur de 17m, 3000 fauteuils) est donc né plus spacieux que jamais (atrium géant, 1m05 entre chaque rang et même des réhaus­seurs inté­grés aux sièges pour les enfants). Pour les spec­ta­teurs dont nous sommes, c’est tout bénéf’. Pour le marché lyon­nais en revanche, en plein crise Covid, c’est une véri­table bombe, ce masto­donte débarquant en plein centre ville, à équi­dis­tance du Pathé Belle­cour, du Comoe­dia et du Pathé Carré de Soie, visant l’en­semble des publics selon le modèle éprouvé de la program­ma­tion UGC, les inven­teurs de la carte illi­mité, choi­sis­sant l’offre la plus géné­ra­liste possible, des films les plus porteurs à l’art et essai parfois le plus pointu.

L’Atrium de 17m de haut sous la verrière, plus spacieux que jamais…

VO ou VF ?

Le seul modèle exis­tant d’un multi­plexe en plein centre ville est celui de l’UGC Ciné-Cité des Halles, inté­gra­le­ment VO, qu’on a coutume de dési­gner par “le plus grand cinéma art et essai de France”. Tradi­tion­nel­le­ment, les anciens ciné­mas de la Part-Dieu, tous deux fermés aujourd’­hui, program­maient exclu­si­ve­ment de la VF. C’est la VO qui est désor­mais privi­lé­giée, avec la méta­mor­phose atten­due du quar­tier de la Part-Dieu et les 40 millions de visi­teurs prévus dans le centre commer­cial rénové. Même si, rassu­rez-vous, une offre VF persis­tera pour les films fami­liaux ainsi qu’une large offre de films français, du cinéma popu­laire comme Bac Nord ou Boîte noire à l’art et essai le plus pointu comme Les Amours d’Anaïs. Bref, avec une seule carte, vous pour­rez tout voir, dans ls meilleures condi­tions de confort.

1 000 000 d’en­trées ?

Le hall vu du deuxième étage des trois niveaux de salles.

Reste que ce nouvel alba­tros du cinéma se pose avec ses ailes de géant sur le toit de la Part-Dieu au moment où le marché du cinéma ne s’est pas encore remis de la crise sani­taire. L’at­ter­ris­sage marquera à coup sûr un trem­ble­ment de terre pour l’en­semble des ciné­mas de la ville, d’au­tant qu’un tel paque­bot vises a minima un million d’en­trées par an une fois qu’il aura pris son rythme de croi­sière, sans parler de détrô­ner le cham­pion toutes caté­go­ries jusqu’ici : le Pathé carré de Soie, et ses quelque 1 250 000 entrées les jours de grand vent.

Retour vers le futur

Alors que Pathé et UGC se parta­geait à peu près équi­ta­ble­ment ces dernières années le marché lyon­nais des multi­plexes (le premier en misant sur l’in­no­va­tion, le second sur le confort tradi), la faiblesse de l’offre en salles pour encore au moins un an ou deux pour­rait chan­ger la donne, y compris pour des ciné­mas art et essai comme le Comoe­dia ou les ciné­mas Lumière, si la Part-Dieu mise essen­tiel­le­ment sur la VO. Même l’UGC Ciné-Cité Confluence, installé dans un autre centre commer­cial, et l’UGC Ciné-Cité inter­na­tio­nale, pour­raient en ressen­tir les secousses. Bref, dans une écono­mie de diffu­sion des films en pleine muta­tion et un marché lyon­nais déjà saturé, on n’a pas fini de mesu­rer l’im­pact d’un tel masto­donte. En atten­dant, après avoir été les seuls à voir renaître des ciné­mas de quar­tier en centre ville avec les ciné­mas Lumière il y a 5 ans (aux conte­nances diamé­tra­le­ment oppo­sées la plupart des salles ne dépas­sant pas 50 places), les Lyon­nais auront la chance de profi­ter dès cet automne d’un multi­plexe de toute beauté et dernier cri, au confort incom­pa­rable. Le seul de cette taille à se créer aujourd’­hui en dehors de Paris. On verra s’il en fera une force ou une faiblesse, dans un marché en pleine évolu­tion. En atten­dant, on peut en profi­ter tout l’au­tomne, et même pendant le festi­val Lumière (lire p 24), il est grand temps de retour­ner au cinéma !