Dans le film, c’est elle qui va mourir. Dans la vie, c’était lui. Plus que jamais est un film magni­fique pour voir partir Gaspard Ulliel. D’abord parce qu’il a toujours été un parte­naire de choix pour les actrices, jamais esclave de sa propre beauté exté­rieure, mais toujours au service d’une rela­tion, souvent en souf­france. Dans Eva avec Isabelle Huppert comme dans Sibyl avec Virgi­nie Efira, sans parler de Juste la fin du monde, dans lequel son person­nage était le récep­tacle de tous les autres. Ici, il doit suppor­ter le choix de sa compagne (superbe Vicky Krieps, toujours sur le fil) quant à une trans­plan­ta­tion comme seul espoir de survie à une mala­die respi­ra­toire.

Gaspard Ulliel, parte­naire idéal

Calme, atten­tionné, amou­reux tout de colère rentrée quand il doit accep­ter cette situa­tion extrême qui le dépos­sède de celle qu’il aime, il est propre­ment magni­fique. Beau aussi pour ce que le film vaut en lui-même : un atta­che­ment à la vie dans un mélo sans pathos, baigné de la sensua­lité des paysages des fjords norvé­giens, comme un appri­voi­se­ment d’avec la mort à travers la sensa­tion d’ap­par­te­nir à une nature immor­telle. Film de couple autant qu’ode déchi­rante à une fin de vie choi­sie, le long métrage d’Emily Atef appar­tient à ces belles oeuvres simples et émou­vantes à la façon de L’ombre du mensonge, le dernier film de Bouli Lanners. Les quelques dialogues très crus pour traduire le choix d’Hé­lène comme la colère de Matthieu sonnent inti­me­ment justes. La dernière scène d’amour entre eux est de toute beauté, comme le dernier départ, qui sera aussi celui de Gaspard Ulliel à l’écran.

Plus que jamais d’Emily Atef (Fr, 2h03) avec Vicky Krieps, Gaspard Ulliel, Bjorn Floberg… Sortie le 16 novembre.

Emily Atef (photo Peter Hart­wig).