C’est LA sortie événe­ment en Vod de la semaine : le film de Sam Mendes sorti en début d’an­née et… tourné en un seul plan ! 1917 suit en effet pendant 2 heures 2 soldats anglais dans les tran­chées de la Première guerre mondiale, messa­gers char­gés de préve­nir leurs frères armés en terri­toire ennemi du piège qui leur est tendu.

La guerre en immer­sion et à hauteur d’hommes, en voilà une belle idée. Malheu­reu­se­ment, en sacri­fiant à son procédé de vouloir abso­lu­ment avoir l’air d’avoir tout tourné en un seul plan (même si on voit bien les fondus au noir qui servent de raccord), Sam Mendes tue une bonne partie de l’ef­fet de réalité qui devrait nous submer­ger. Pour ne pas perdre le fil, il finit par être obligé de tour­ner autour de ses person­nages encore plus qu’un Claude Lelou­ch…

1917, un défi tech­nique, mais pour dire quoi ?

Le plan séquence au cinéma, c’est un peu comme écrire un chapitre ou un roman entier d’une seule phrase : même Marcel Proust n’y est jamais arrivé ! Alors toutes les 5 minutes, comme dans les parcs d’at­trac­tion, Mendes se sent obligé de faire entrer un nouveau gadget : un attaquant surgit, on tombe à l’eau, c’est la nuit et hop, nous voilà à décou­vert en plein champ, avant de tomber sur un bébé à sauver, parce qu’on est bien dans un film améri­cain…

Le défi tech­nique tient effec­ti­ve­ment de la prouesse, mais pour dire quoi ? On finira malgré tout par l’ap­prendre à la fin, le temps d’une séquence épous­tou­flante en forme d’échap­pée belle au milieu des obus qui vaut à elle seule le coup d’oeil.

Le film finit alors par refer­mer sa grande machine sur les desti­nées humaines, trop humaines de ceux qui n’en sont pas reve­nus (on ne vous dit pas tout), enfin émou­vant, dédié au grand-père de Sam Mendes, capo­ral pendant la Première guerre mondiale. Alors si vous avez assez d’es­prit de contra­dic­tion pour vous confi­ner dans les tran­chées de la guerre 14–18 la première semaine de décon­fi­ne­ment, pourquoi pas…

1917 de Sam Mendes (EU, 1h59) avec Dean Charles Chap­man, George McKay, Colin Firth, Bene­dict Cumber­batch, Andrew Scott… (qui ne font que passer)