Thriller écolo. On ne s’at­ten­dait pas à trou­ver Todd Haynes aux commandes d’un film dossier portant sur un scan­dale écolo­gique et sani­taire, un genre à la Erin Brocko­vich, forcé­ment tiré d’une histoire vraie, dont les Améri­cains raffolent. Si le réali­sa­teur de Carol s’était déjà inté­ressé dans sa jeunesse à l’éco­lo­gie avec Safe, c’était pour en tirer un film d’au­teur à l’es­thé­tique para­noïaque. Avec Dark Waters, le voilà plus proche du film de commande. C’est d’ailleurs l’ac­teur Mark Ruffalo (parfait dans le rôle prin­ci­pal) qui est venu le cher­cher pour porter à l’écran le combat réel de l’avo­cat Rob Bilott face à l’en­tre­prise DuPont, accu­sée d’em­poi­son­ner la nature et les habi­tant d’une petite ville des Etats-Unis en fabri­cant un composé chimique toxique, le téflon. Et voilà notre Todd Haynes qui se retrouve entre deux chaises, ou plutôt entre deux eaux. Dans un souci de vérité et de limpi­dité, il utilise tous les codes du thril­ler docu­menté : lumière hiver­nale pour bien coller avec les pratiques cyniques de l’in­dus­triel et inévi­tables plans enva­his de dossiers et de post-it… Pour­tant, il parvient à intro­duire des théma­tiques qui lui sont chères : nature inquié­tante, para­noïa ou encore condi­tion des femmes au foyer, le tout dans une mise en scène sobre et maîtri­sée. Mais si Dark Waters vaut le coup d’œil, malgré une seconde partie un peu longue, c’est avant tout pour son sujet d’in­té­rêt géné­ral. On y découvre les pratiques glaçantes d’une indus­trie chimique qui n’hé­site pas à sacri­fier ses employés à des fins expé­ri­men­tales et l’hu­ma­nité d’un avocat passé de la défense des indus­triels à celle des citoyens améri­cains de seconde zone. Vous ne regar­de­rez plus jamais une poêle en téflon de la même façon. C.S.

Dark Waters de Todd Haynes (E.U., 2h07). Avec Mark Ruffalo, Anne Hatha­way, Tim Robbins… Dispo­nible sur la plupart des plate­formes Vod à 4,99 €. Regar­dez la bande-annonce << ici >>.