Il a les rôles de petites frappes qui lui collent à la peau et ça lui va plutôt bien au teint. Après avoir joué les appren­tis djiha­distes pour Téchiné aux côtés de Deneuve dans L’Adieu à la nuit ou encore le fils rebelle de Virgi­nie Efira chez Joachim Lafosse dans Conti­nuer, Kacey Mottet Klein met cette fois sa violence toute en rete­nue au service de Chris­tophe Blanc dans Just Kids, drame intime tiré de la propre histoire du réali­sa­teur. A la fois sombre et solaire, le jeune acteur tout juste ving­te­naire trouve le juste équi­libre entre nervo­sité et fragi­lité pour camper le rôle de Jack, 19 ans.

Ce dernier se retrouve projeté bien trop tôt dans le monde des adultes au lende­main du décès de son père, lorsqu’il décide d’as­su­rer l’édu­ca­tion de son jeune frère et alors que sa soeur préfère sauver sa peau loin de l’ap­par­te­ment fami­lial coincé entre les montagnes greno­bloises. Pas facile de deve­nir adulte du jour au lende­main, quand l’ac­cu­mu­la­tion de drames fami­liaux finit par croire qu’on a la guigne et que la seule alter­na­tive au modèle du père, joueur de poker et magouilleur, est celui de l’oncle devenu bour­geois rangé. 

Le film fonc­tionne surtout grâce au duo des deux jeunes acteurs, le débu­tant Andrea Maggiulli rendant parfai­te­ment la réplique à Kacey Mottet Klein. Car le scéna­rio de Chris­tophe Blanc, passant du drame fami­lial au film noir puis au road-movie entre Espagne et Sud de la France est aussi  instable que ne le sont ces deux enfants perdus. Certains chan­ge­ments de tons trop brutaux, comme l’ap­pa­ri­tion d’un ancien débi­teur du père tout droit sorti d’un film de Cronen­berg, des pistes qui partent dans tous les sens sans abou­tir et une surabon­dance de scènes lacry­males finissent par perdre un peu le spec­ta­teur. Mais on est toujours rattrapé par l’in­ten­sité du jeu des deux acteurs comme par le fond de cette histoire, et c’est déjà pas mal.

Just Kids, De Chris­tophe Blanc (France, 1h43). Avec Kacey Mottet Klein, Andrea Maggiulli, Anama­ria Varto­lo­mei…