En toute discré­tion, Laure Calamy s’est impo­sée comme un second rôle incon­tour­nable du cinéma français, à chaque fois surpre­nante, rieuse et insai­sis­sable dans les comé­dies, vulné­rable en amie soli­taire de Made­moi­selle de Joncquières, ou mécon­nais­sable en mère dépres­sive dans Ava. Avec cette Antoi­nette, elle tient le haut de l’af­fiche dans un rôle complet qui lui permet de conju­guer tous ses talents, avec un natu­rel confon­dant. Maîtresse d’école en robe à paillettes pour chan­ter avec les enfants de sa classe dans la géniale ouver­ture du film, elle part en rando sans d’autre refuge que la beauté de la nature céve­nole et le compa­gnon­nage d’un âne au prénom trou­blant, Patrick, qui adore qu’on lui raconte des histoi­res… Séduc­trice plus amou­reuse qu’elle en a l’air qui s’ef­fondre en larmes sur un mambo quand elle se rend compte qu’elle vient de rater sa semaine d’amour avec son amant, elle est de tous les plans. Radieuse et dési­rable, habi­tée de senti­ments trop grands pour elle, à fleur de peau jusqu’à la perdi­tion, elle est aussi drôle que pathé­tique, émou­vante que sexy. Bref, la première raison valable pour reprendre les César en 2021, c’est de donner celui de la meilleur actrice à Laure Calamy.

Laure Calamy et Benja­min Lavernhe.

Le chemin vers l’autre

Mais Antoi­nette dans les Cévennes ne se limite pas à une parti­tion idéale pour son actrice prin­ci­pale. Sur les traces de Robert Louis Steven­son, Caro­line Vignal croise la beauté perma­nente des paysages avec un drôle de buddy movie avec âne, « Patrick » deve­nant un person­nage à part entière. La construc­tion à surprises d’un scéna­rio qu’on vous laisse décou­vrir, dépasse le seul road movie pour appro­fon­dir encore son person­nage, Peu à peu, le film se meut en cache-cache amou­reux entre une femme et son amant sur les sentiers de randon­née, avec des seconds rôles jubi­la­toires (Marc Fraize, Benja­min Lavernhe ou Olivia Côte, le plus surpre­nante de tous).

C’est bien du chemi­ne­ment amou­reux dont il est ques­tion dans cette Antoi­nette, et des alliés insoupçon­nés qu’on y découvre, de la compli­cité des gens de passage (formi­dable couple du refuge), au secours de la nature ou du galbe d’un âne pour dormir à la belle étoile. Après Effa­cer l’his­to­rique (lire notre critique << ici >>), le salut de cette rentrée ciné­ma­to­gra­phique provient déci­dé­ment de la comé­die française, plus profonde qu’elle n’en a l’air. Tant mieux.

Antoi­nette dans les Cévennes de Caro­line Vignal (Fr, 1h36) avec Laure Calamy, Benja­min Lavernhe, Olivia Côte, Marc Fraize, Matthieu Sampeur… Sortie le 16 septembre dans la plupart des ciné­mas lyon­nais : UGC, Pathé, Lumière Terreaux, Méga CGR Brignais, Ciné Mour­guet, Cinéma Para­diso Saint-Martin-eh Haut, Les 400 coups à Ville­fran­che…