
Michel Audiard n’était pas seulement le chantre de la langue fleurie et des formules mythiques « façon puzzle« . C’est aussi un observateur aiguisé des passions tristes, avec un sens du dialogue ouvrant sur les abîmes les plus noirs l’intérieur des personnages, à la façon d’un Simenon. C’est ce qu’il réussit mieux que partout ailleurs dans le chef-d’oeuvre de Claude Miller, Garde à vue, de la moue faussement cynique et vraiment désespérée de Michel Serrault à la droiture outrée de Lino Ventura, en train de cuisiner un suspect pour pédophilie le temps d’une nuit au commissariat. L’arrivée inopinée de Romy Schneider pour une confidence dans la pénombre conduira aux pires mensonges dont sont capables les couples à la haine recuite. Un suspense plus noir que noir et le plus grand rôle de Serrault, encore plus bouleversant lorsqu’on sait qu’il venait de perdre sa propre fille dans la vraie vie, alors qu’il est accusé d’en violer une dans le film… Un sommet à revoir sur grand écran dans le cadre du centenaire Michel Audiard pendant le festival Lumière.
Garde à vue de Claude Miller (1981, 1h24).
Mardi 13 octobre au cinéma Les Alizés à Bron en présence d’Abd Al Malik.
Jeudi 15 octobre à 17h30 à l’UGC Confluence, Lyon 2e, en présence de Jean-Paul Salomé.
Samedi 17 octobre à 14h30 au Pathé Bellecour, Lyon 2e, en présence de Régis Wargnier.