On préfère Maïwenn quand elle ne parle pas d’elle, ou alors de loin, comme dans Mon Roi. Ce qui ne signi­fie pas qu’on ait détesté ce cinquième film en forme d’auto-fiction. Elle y raconte la crise iden­ti­taire de Neige, boule­ver­sée par la mort de son grand-père algé­rien, seul pilier stable dans sa famille toxique (on ne se refait pas). On ne se refait pas, et qui dit famille toxique, dit famille hysté­rique. Au moment des retrou­vailles pour l’en­ter­re­ment, les tensions explosent, entre une mère toute-puis­sante et violente, et un père absent et friand de petites phrases méchantes.

Maïwenn et Fanny Ardant à l’en­ter­re­ment du grand-père dans ADN.

Le paral­lèle avec Pardon­nez-moi, son premier long métrage, est vite
trouvé : la réali­sa­trice en profite pour régler une nouvelle fois ses comptes avec les siens. Des cris et des crises, il y en a tout le long, mais c’est juste­ment la force de la cinéaste que de réali­ser des films à fleur de peau, incroya­ble­ment vivants grâce à la liberté d’im­pro­vi­ser lais­sée aux acteurs. Des acteurs tous excel­lents – parmi lesquels on découvre même tout le poten­tiel comique de Louis Garrel – qui insufflent tension et drôle­rie comme dans la scène du choix du cercueil où tout le monde s’écharpent quant à la couleur du capi­ton­na­ge…

Mégalo

Maïwenn toujours, et Louis Garrel dans ADN, hilares.

Mais cette force de vie ne parvient pas à masquer les faiblesses du scéna­rio, trop brouillon. Un brin mégalo, Maïwenn fait tour­ner l’his­toire autour de Neige et de la recherche de ses racines, en oubliant les autres person­nages, notam­ment celui du flam­boyant jeune cousin, pour­tant central dans les premières scènes. Heureu­se­ment, à la fin, Neige-Maïwenn parvient à trou­ver une certaine paix en décou­vrant l’Al­gé­rie. On espère donc que son prochain film sera un peu moins perso, un peu mieux construit, avec toujours autant de vie.

ADN, de et avec Maïwenn (Fr, 1h30), avec Fanny Ardant, Louis GarrelSortie le 28 octobre.