C’est le dernier grand rôle de Bacri, qui ne le canton­nait pas à jouer les bougons auxquels on la trop souvent réduit. Avec Le Sens de la fête, Bacri trou­vait des frères d’écri­ture en les personnes de Nacache et Tole­dano (il a d’ailleurs parti­ci­per au scéna­rio), et un nouveau souffle après les années Jaoui.

Le film démarre sur les chapeaux de roue avec une scène de prépa­ra­tion de mariage écrite aux petits oignons : on voit rare­ment dans la comé­die française des scéna­ristes capables de nous immer­ger dans le métier de leur person­nage prin­ci­pal (un orga­ni­sa­teur de mariage, donc) avec des dialogues telle­ment fluides qu’ils font passer chaque scène pour un pur plai­sir d’ac­teurs. Mais s’il peut pous­ser une colère à la Macron contre ses employés qui manquent de respect à celui qui les nour­rit, Bacri est aussi en secret fondant d’amour pour Suzanne Clément (magni­fique), entre deux plateaux de petits fours.

Gilles Lellouche et Benja­min Lavernhe en seconds rôles

Jean-Pierre Bacri, devant Kevin Azaïs et William Lebghil.

Film choral capable de dessi­ner la tendresse pour chacun de ses person­nages, cette comé­die contem­po­raine livre un tableau de la France d’aujourd’­hui en servant jusqu’à chacun des acteurs en seconds rôles. Comme Eye Haïdara en orga­ni­sa­trice numéro 2 bien éner­vée, Gilles Lellouche, irré­sis­tible en chan­teur de bal entre orgueil et tendresse, ou Benja­min Lavernhe en marié avant tout soucieux de se donner le beau rôle… jusqu’au ridi­cule.

Comme toujours, Bacri incar­nait tout le contraire : un anti-héros en proie au décou­ra­ge­ment qui retrouve son éner­gie à travers son atten­tion pour les autres. La grande classe : même quand il tenait le premier rôle, c’était au milieu d’au­trui, en passant le relais à la géné­ra­tion qui peut désor­mais emboî­ter son pas.

Le Sens de la fête d’Eric Tolé­dano et Olivier Nakache (Fr, 1h57) avec Jean-Pierre Bacri, Eye Haïdara, Gilles Lellouche, Suzanne Clément, Vincent Macaigne, Kevin Azaïs, William Lebghil, Judith Chemla, Benja­min Lavernhe, Jean-Paul Rouve, Alban Ivanov… Dimanche 3 mars à 21h10 sur France 2.