15 ans après, Michel Blanc fait à nouveau danser dans Paris tous les person­nages (ou presque), d’Embras­ser qui vous voudrez. Même si cette fois, il n’adapte pas une suite du roman de Joseph Connolly mais se lance dans un scéna­rio origi­nal. Tant mieux : il ne faut pas entendre plus de deux ou trois répliques pour se rendre compte que Michel Blanc reste un des grands dialo­guistes de la comé­die française. Avec en prime cette touche de cynisme presque britan­nique que décline à merveille Char­lotte Rampling, retrou­vant son rôle de salope volup­tueuse : “ Tu sais pourquoi tu es un insup­por­table ?” dit-elle à Karin Viard. “Parce que tout ce que tu fais part d’un bon senti­ment. Moi c’est exac­te­ment le contraire, et le résul­tat est le même…” Voilà long­temps qu’on n’avait pas vu une Karin Viard aussi drôle et aussi sincère dans un film, sans doute parce que cette comé­die sur une bour­geoi­sie déca­dente encom­brée par par ses névroses a une qualité rare dans le cinéma bobo pari­sien : l’au­to­dé­ri­sion.

Char­lotte Rampling, reine de la comé­die.

Diver­tis­se­ment haut de gamme

A ce jeu-là, les deux appa­ri­tions de Dutronc en voyou de la haute contem­plant la médio­crité des gens qui vivent sous son empire, tout en se resser­vant du bon vin vaut son pesant de revanche sociale. Il garde la classe jusque dans la cara­vane dans laquelle il termine à la suite de malver­sa­tions finan­ciè­res… Pas de temps mort (1h26, merci Michel !), une valse d’ac­teurs au sommet et un art consommé du dialogue qu’on rêve­rait de servir en réplique à un ex : ce vaude­ville friqué garde comme le premier volet son lot de surprise sexuelle, et n’hé­site pas à faire des phal­lo­crates les dindons de la farce, ce qui ne peut pas faire de mal. Un diver­tis­se­ment haut de gamme savou­reux, gratuit et en prime time, ça ne se refuse pas…

Bande annonce à la sortie du film en 2018.

Voyez comme on danse d Michel Blanc (2018, Fr, 1h26) avec Karin Viard, Char­lotte Rampling, Jean-Paul Rouve, Jacques Dutronc, Carole Bouquet, William Lebghil, Guillaume Labbé… Dimanche 11 avril à 21h sur France 2.