François Ozon adapte le récit auto­bio­gra­phique d’Emma­nuèle Berheim en conser­vant tous les noms (on recon­naît Serge Toubiana de la Ciné­ma­thèque). C’est Sophie Marceau, grave et radieuse à la fois, qui endosse le rôle de cette sœur d’une grande famille pari­sienne, char­gée d’or­ga­ni­ser le suicide assisté de son père en Suisse à la suite d’un AVC. Archi-réaliste, en oubliant parfois toute mise en scène, le film s’ouvre brut de décof­frage sur l’ac­ci­dent céré­bral, comme pour mieux s’en débar­ras­ser. André Dusso­lier est extra­or­di­naire, vieilli, usé, fati­gué, entre la vie et la mort dans un grand rôle à sa déme­sure, avant de retrou­ver un peu de sa superbe et surtout de sa malice : il profite de sa conva­les­cence pour être encore plus volon­taire à mourir et impo­ser sa volonté à ses proches comme il l’a toujours fait, esthète et collec­tion­neur d’art liber­taire voulant s’épar­gner de “survivre plutôt que vivre”.

Drôle de drame

Reste le poids qu’il fait porter sur sa famille et ses filles (Géral­dine Pail­has, sœur idoine de Sophie Marceau), ce qui chez Ozon prend surtout la forme d’un regard amusé sur leurs vraies-fausses diffi­cul­tés maté­rielles, les flash­backs de retour en enfance étant aussi ratés que dans Grâce à Dieu. A ne parler le plus souvent que d’argent et de confort person­nel, Tout s’est bien passé reste un drôle de drame dont seul Ozon a le secret dans le cinéma français, même s’il n’at­teint jamais les sommets d’émo­tion du grand film de la rentrée sur le même sujet d’une fin de vie préma­tu­rée : De son vivant d’Emma­nuelle Bercot avec Benoît Magi­mel et Cathe­rine Deneuve, en salles le 24 novembre, à noter dans vos tablettes. L.H.


Tout s’est bien passé de François Ozon (Fr, 1h53) avec André Dussol­lier, Sophie Marceau, Géral­dine Pail­has, Grégory Gade­bois, Char­lotte Rampling, Eric Cara­vaca, Daniel Mesgui­ch… Sortie le 22 septembre. (photos Carole Bathuel, Manda­rin produc­tion)

Lire aussi notre entre­tien avec François Ozon.