Bien sûr, il y a le latin lover post-moderne qu’a inventé Fellini à travers lui (à lire bien­tôt nos articles sur 8 1/2 et La Dolce Vita dans notre prochain numéro d’Exit print à paraître le 24 novembre). Mais c’est avec un clas­sique tradi­tion­nel de la comé­die italienne que l’Ins­ti­tut Lumière a choisi d’ou­vrir sa rétros­pec­tive cette semaine : Les Cama­rades de Mario Moni­celli. Le réali­sa­teur du Pigeon y recons­ti­tue avec une certaine gravité les mouve­ments de grève à Turin à la fin du XIXe siècle. Le noir et blanc de la copie restau­rée rend grâce aux salles d’usine déso­lés comme à quelques plans de la capi­tale du Piémont dans laquelle Marcello croi­sera notam­ment une pros­ti­tuée char­mante sous sa voilette nommée Annie Girar­dot.

Marcello Mastroianni jouant du fluteau dans Les Cama­rades de Mario Moni­celli.

Contre-emploi du latin lover

Petites lunettes rondes, pull troué et chapeau d’une gloire passée, Mastroianni campe un profes­seur qui va prêcher la bonne parole pour défendre les inté­rêts des ouvriers même malgré eux. Tourné la même année qu’Otto e mezzo, on est vrai­ment dans l’anti-Fellini : un cinéma tradi­tion­nel, réaliste, aux plans remarqua­ble­ment recons­ti­tués jusqu’au mouve­ments de foule, avec un Mastroianni en italien moyen comme on l’aura rare­ment vu au cinéma, jouant du Mozart à la flûte dans les soirées mondaines (même si les dialogues évoquent Verdi à tort), et haran­guant la foule dans une scène finale où l’on perçoit toute la force de carac­tère réaliste dont il était capable, lui qui sait fait connaître dans le monde entier pour sa noncha­lance. Bref, un grand acteur dans un bon film qui convoque l’his­toire de l’Ita­lie prolé­taire y compris à travers des dialogues restés célèbres : « Ecris-moi » lance énamou­rée une femme d’ou­vrier courant après le train. « Mais tu ne sais pas lire ! » lui répond son préten­dant. « Ecris-moi quand même » finit-elle par conclure en lais­sant partir le train… Les Cama­rades n’est ni le meilleur film ni le meilleur rôle de Marcello Mastroianni, mais il a suffi­sam­ment d’ar­gu­ments dans l’his­toire du cinéma italien pour aller le voir quand même…

Les cama­rades de Mario Moni­celli (I Compa­gni, 1963, It, 2h10) avec Marcello Mastroianni, Bernard Blier, Renato Salva­tori, Annie Girar­dot…

Mercredi 17 novembre à 19h à l’Insti­tut Lumière, Lyon 8e. Soirée d’ou­ver­ture présen­tée par Maëlle Arnaud. Puis samedi 20 novembre à 15h et samedi 27 novembre à 20h45.