À 88 ans, Clint East­wood était déjà coquet. Il incarne un person­nage âgé de « seule­ment  » 80 ans. Earl Stone, un horti­cul­teur soli­taire qui a eu son heure de gloire et de pros­pé­rité en culti­vant son célèbre Lys d’un jour, est sur le point d’être saisi. Car Inter­net, auquel il ne croit pas (« Inter­net ça ne sert à rien  »), a tout simple­ment coulé son acti­vité. Sans maison, seule­ment déten­teur d’un vieux pick-up, il tente de recol­ler les morceaux avec sa famille, à laquelle il avait juste oublié de donner des nouvelles durant des décen­nies.

Papy East­wood en has been magni­fique

Viré de la fête de sa petite-fille, il est cepen­dant abordé par un jeune sympa­thique de type mexi­cain, lui propo­sant de porter des colis d’un endroit à un autre. Payé juste pour faire de la route, voilà qui plaît au vieux. Et voilà comment Earl devient peu à peu une « mule », un passeur insoupçon­nable pour un cartel de la drogue, avec piscine, pros­ti­tuées
en maillot de bain et tequila. Seule­ment, en face, la DEA veille tandis qu’au sein du gang, certaines dissen­sions entraînent une poli­tique de recru­te­ment radi­cale. Clint East­wood, prix Lumière 2009, sortait peut-être son dernier beau film, maîtrisé, clas­sique et prenant son temps pour régler quelques comptes avec ses détrac­teurs quant à ses convic­tions poli­tiques. Auquel son petit dernier, Cry Macho, dans lequel il est cette fois nona­gé­naire, fait penser avec tendresse. Nette­ment, le mur de Trump, les fron­tières, ce n’est pas son truc. Quant aux bikeuses lesbiennes, il ne porte pas de juge­ment, il leur donne des conseils méca­niques… Un cow-boy liber­ta­rien qui nous offre cepen­dant un final fami­lial type Petite Maison dans la prai­rie. Réussi. François Mailhes

La Mule de et avec Clint East­wood (2018, EU, 1h56) avec Brad­ley Cooper, Dianne Wiest, Laurence Fish­burne, Andy Garcia… Dimanche 5 décembre à 21h10 sur France 2.