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Dino Risi a toujours eu une place à part dans la comé­die italienne : plus amer dans son propos (Pauvres mais beaux), plus baroque dans sa mise en scène (Le Signe de Vénus), plus poli­tique (les satires géniales de La Marche sur Rome ou de Une vie diffi­cile). Il était aussi plus acide dans son obser­va­tion sociale, inven­tant le jeu de massacre dans le film à sketches avec Les Monstres (1963). L’an­née précé­dente, toujours avec son acteur fétiche, Vitto­rio Gass­man, il signait un de ses chefs-d’oeuvre avec Le Fanfa­ron. Les plans sublimes d’un cabrio­let lancé à toute allure sur les routes italiennes renvoyait déjà la Nouvelle Vague dans le fossé et Vitto­rio Gass­man n’en finis­sait plus de jouer le mâle italien dans toute sa splen­deur.

Les splen­dides scènes de road movie du Fanfa­ron.

Jean-Louis Trin­ti­gnant, super­star cachée

Mais Risi est un mora­liste, et c’est bien évidem­ment le person­nage de Jean-Louis Trin­ti­gnant qui l’in­té­resse le plus, étudiant concen­tré sur ses études de droit, vrai-faux suiveur qui se laisse embarquer intri­gué par son opposé. C’est une nouvelle fois à l’étude de moeurs la plus fine que procède Dino Risi (psychiatre de forma­tion), jusqu’à confier le coeur drama­tique de son film à Trin­ti­gnant dans un bascu­le­ment drama­tique final qu’on vous laisse décou­vrir. La comé­die n’est jamais là que pour faire rire chez Risi. Le film n’était jusqu’ici visible que dans une copie exécrable, alors qu’il reste un des plus célèbres de la comé­die italienne. L’hom­mage à Jean-Louis Trin­ti­gnant est l’oc­ca­sion ou jamais de le rattra­per gratui­te­ment.

Le Fanfa­ron de Dino Risi (Il Sorpasso, 1962, It, 1h45) avec Vitto­rio Gass­man, Jean-Louis Trin­ti­gnant, Cathe­rine Spaak… Dimanche 26 juin à 20h44 sur France 3 Corse ViaS­tella.