Bon Ok, c’est quand même moins pire que Le Crime de l’Orient-express, ratage indus­triel d’un réali­sa­teur qu’on aime beau­coup, Kenneth Bran­nagh, qui semble s’être lancé depuis dans l’in­té­grale des remakes des whodu­nit, les intrigues à énigmes d’Agatha Chris­tie (en atten­dant Belfast début mars, son auto­bio­gra­phie en noir et blanc, au rayon plus person­nel). Qui a tué ? On ne révé­lera évidem­ment rien de ce suspense à tiroirs si ce n’est le plai­sir d’y retrou­ver des acteurs qu’on aime regar­der comme la grande Annette Benning ou le toujours sexy Armie Hammer, qui aime visi­ble­ment toujours autant la levrette depuis Call me by your name mais cette fois-ci davan­tage en soule­vant les jupes d’Emma McKey, elle aussi toujours aussi exquise depuis Eiffel. Il y a même une bonne idée de départ, dans un prologue en 1914 qui révèle la raison d’être de la célèbre mous­tache d’Her­cule Poirot (ici en double four­rure, on va finir vrai­ment finir par le prendre pour un renard).

Un Hercule Poirot bien falot…

Le finale révé­lera son lot de surprises en convoquant tout le monde selon la tradi­tion dans un dernier salon de croi­sière, mais entre le prologue et la révé­la­tion, l’in­trigue et les dialogues de mamie Agatha vous feront passer le temps, même Kenneth Bran­nagh reste toujours aussi peu inspiré en Poirot. Il n’a jamais l’oeil qui frise ni les ambi­guï­tés d’un Peter Usti­nov et finit par incar­ner un enquê­teur assez falot. Malgré des plans toujours aussi préfa­briqués comme la plon­gée dans l’eau de la caméra pour qu’un pois­son vienne mordre le foulard qui sert de pièce à convic­tion (sic), c’est surtout la laideur visuelle qui frappe : contrai­re­ment au Crime de l’Orient-Express, Bran­nagh respecte mieux le huis-clos, mais au prix d’un soleil couchant synthé­tique, d’une Egypte de carton pâte et de décors inté­rieurs en maquettes à peine mieux éclai­rées qu’un entre­pôt Amazon… où devrait termi­ner le film dans quelques années. Une pauvreté numé­rique dépour­vue d’exo­tisme qui reste préju­di­ciable à l’aven­ture que promet­tait un tel titre. Dommage.

Mort sur le Nil de et avec Kennegh Bran­nagh (EU-GB, 2h07) avec Annette Benning, Tom Bate­man, Emma McKey, Armie Hammer… Sortie le 9 février.