On n’a pas compté – pour­tant Dieu sait qu’on s’en­nuyait – mais Le Monde d’hier est certai­ne­ment le film dans lequel on aura vu le plus de gens marcher dans des couloirs, ouvrir des portes, s’as­seoir, rejoindre des voitures, dans un nombre incal­cu­lable de scènes inuti­les… Des grosses voitures bien sûr, des salons dorés de la Répu­blique bien sûr, ou de grands appar­te­ments pari­siens avec baie vitrée et fauteuils en cuir, le tout en faisant faire la gueule tout le temps à ses acteurs (Benja­min Biolay, très doué).

Benja­min Biolay et Léa Drucker.

Posture et préten­tion

Tout ça pour bien montrer qu’il s’at­taque à un sujet sérieux : la montée de l’ex­trême-droite aux portes du pouvoir alors qu’une Prési­dente de la Répu­blique (Léa Drucker, irré­pro­chable), termine son mandat. Tout le reste demeure opaque comme pour faire encore plus sérieux et tragique : la mala­die de la Prési­dente, l’im­mis­cion russe dans la campagne, l’at­ten­tat d’un fiché S et le suicide d’un colla­bo­ra­teur mal aimé… Scéna­riste et réali­sa­teur, Dias­tème tient à se montrer beau­coup plus intel­li­gent que son sujet, en sortant le name’s drop­ping et les grands mots (Davet et Lhomme comme Chris­tophe Honoré ont parti­cipé à ce scéna­rio pour­tant inerte), avec Stefan Zweig au géné­rique de fin pour donner son titre au film. Entre­temps, sur une musique bour­sou­flée qui plagie Chos­ta­ko­vitch, il n’aura rien dit d’in­té­res­sant sur la poli­tique, dans un film mort-né dans sa posture. Une purge.

Le Monde d’hier de Dias­tème (Fr, 1h27, ressenti : 3h) avec Léa Drucker, Denis Poda­ly­dès, Benja­min Biolay, Alban Lenoir, Jacques Weber… Sortie le 30 mars.