C’est le chef-d’oeuvre de la comé­die de rema­riage (au sens strict, on vous laisse décou­vrir la fin) : Katha­rine Hepburn, Cary Grant et James Stewart (jeune et fondant) n’ont jamais été aussi beaux, et l’oni­risme d’un noir et blanc imma­culé vient adou­cir les rapports de classe de ce qui n’au­rait pu être qu’une satire sociale de la société puri­taine améri­caine. Mais ce qui inté­resse Cukor, c’est comme toujours chez ce cinéaste encore trop sous-estimé la vérité des senti­ments. The Phila­del­phia story (Indis­cré­tions en français), c’est l’his­toire d’une femme qui porte la culotte et veut être aimée pour ce qu’elle est vrai­ment, et non pas « admi­rer comme une déesse ». C’est évidem­ment Katha­rine Hepburn, l’ac­trice fétiche de Cukor qui l’in­carne, incar­nant des rapports homme-femme déjà large­ment emprunts de moder­nité. Cukor a le don de mêler la théâ­tra­lité de sa direc­tion d’ac­teurs avec un sens du décou­page et de l’ar­chi­tec­ture propre­ment ciné­ma­to­gra­phiques. Son génie pour les scènes non verbales (dès l’ou­ver­ture) et le dérè­gle­ment des sens conduit tout droit vers la joie. Cary Grant, trouble-fête idéal, dira que c’est avec Cukor qu’il a réel­le­ment décou­vert son métier. On le croit sur parole. Mais The Phila­del­phia story est aussi un de ses films dans lequel on perçoit le mieux l’in­fi­nie déli­ca­tesse qu’il est capable d’avoir pour ses person­nages, et sa profonde compré­hen­sion humaine. Bref, un des plus beaux films du monde avec les plus beaux acteurs du monde.

Indis­cré­tions de George Cukor (The Phila­del­phia Story, 1940, EU, 1h52) avec Kathe­rine Hepburn, Cary Grant, James Stewart… Jeudi 21 avril et vendredi 6 mai à 19h au Ciné-club de l’Insti­tut Lumière, Lyon 8e. Tarif habi­tuels.