On avait bien aimé The Ligh­thouse, le précé­dent film de Robert Eggers. On avait peut-être eu tort… Parce qu’à vouloir s’in­té­res­ser à la légende d’Am­leth, ours et loup », ancêtre du Hamlet élisa­bé­thain voulant venger son père en truci­dant son oncle, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on est loin de Shakes­peare. Sous couvert de clinquant esthé­tique (tous les plans au feu de bois sont oranges, tous les plans de nuit sous la lune sont en noir et blanc), tout la pano­plie de l’ima­ge­rie viking la plus clichée défile sur une musique haras­sante : corbeaux, cochons, volcans, scènes de crèche et heureu­se­ment, quelques beaux paysages d’Is­lande pour s’aé­rer un peu des éven­tre­ments (tripes à l’air) et autres déca­pi­ta­tions sangui­no­lentes. Avec une signa­ture telle­ment auteu­ri­sante qu’on est beau­coup plus proche de l’en­nui distan­cié d’une caméra qui passe son temps à se regar­der filmer au milieu des char­niers que du cinéma d’ac­tion.

Le cri du Rocky Islan­dais, Alexan­der Skars­gard.

Gros film bour­rin esthé­ti­sant

Tout ça se prend très au sérieux en restant très bête (pas la moindre réflexion histo­rique), avec un pitch ultra-mani­chéen et des dialogues d’ours placés dans la gueule de person­nages qui hurlent comme des Rocky islan­dais. Seule Nicole Kidman a droit au person­nage le plus inté­res­sant du film, mère diabo­lique qui va « droit au coeur« . Ce n’est malheu­reu­se­ment pas le cas d’Alexan­der Skar­sa­gaard dont on admire la perfor­mance en Amle­th… en vain. Robert Eggers vient d’in­ven­ter le film bour­rin esthé­ti­sant. Un peu comme un remake de 300 de Zack Snyder sur les dialogues de RRRrrr!!! d’Alain Chabat, mais sans un sesterce d’hu­mour… Epui­sant.

The North­man de Robert Eggers (E.U., 2h16) avec Alexan­der Skars­gard, Nicole Kidman, Ethan Hawke, Willem Dafoe (dans un petit rôle), Annia Taylor-Joy, Elliott Rose… Sortie le 11 mai. Pour un avis radi­ca­le­ment diffé­rent, lire notre autre critique du film.