Tu aurais préféré que je meurs en martyr ?” balance Omar, un réfu­gié syrien à son frère, resté au pays, au télé­phone. Réfu­gié, il débarque avec d’autres dans les Uists, une île des Hébrides écos­saises qui n’avait jusqu’a­lors jamais connu de tour­nage de cinéma. S’ou­vrant sur une danse en absur­die qu’au­rait pu tour­ner Kauris­maki, ce deuxième long métrage du réali­sa­teur britan­nique Ben Shar­rock filme la vie quoti­dienne d’un migrant syrien et de son oud, qui ne joue plus pour personne. Aucun misé­ra­bi­lisme, tout est ici à l’éco­no­mie dans des plans mini­ma­listes au format carré (à part à la fin, très belle). L’hu­mour déses­péré et les plans graphiques osent jusqu’aux effets spéciaux inci­dents. Limbo est une fable huma­niste sur la crise des réfu­giés, n’élu­dant rien du racisme ou de l’en­traide, mais en gardant un parti pris narra­tif, noncha­lant et amusé. Il finit par nous cueillir quand surgissent les images d’ar­chives du véri­table Omar en plein concert, dont on imagine alors tout le passé comme s’il avait été notre frère. Une belle décou­verte.


Limbo de Ben Shar­rock (GB, 1h51) avec Amir El-Masry, Kenneth Collard, Sidse Babett Knud­sen, Ola Orebiyi… Actuel­le­ment en salles.