On est heureux de retrou­ver David Cronen­berg. D’au­tant qu’a­vec Les Crimes du futur, il retrouve à peu près tous ses films précé­dents, des corps hybrides et mons­trueux du Festin nu jusqu’aux expé­ri­men­ta­tions post-sexuelles encore plus pous­sées que dans Crash. « Le vieux sexe, ce n’est plus pour moi » s’ex­cuse Viggo Morten­sen en alter-ego du réali­sa­teur, avant que Léa Seydoux n’as­sène la maxime du film les seins gonflés jusqu’aux tétons : « La chirur­gie a remplacé la sexua­lité ».

Un baiser du « vieux sexe » entre Kris­ten Stewart et Viggo Morten­sen.

A partir de l’as­sas­si­nat d’un enfant par sa propre mère sous prétexte qu’il mange trop de plas­tique (le cinéaste disait lui-même à Cannes que la première scène de son film suffi­rait à faire fuir les spec­ta­teurs), Cronen­berg se livre à une nouvelle évoca­tion expé­ri­men­tale des corps : dissec­tions, plaies, muta­tions d’or­ganes, alimen­ta­tion et même fella­tion ventrale avec ferme­ture éclair pour accès immé­diat (qu’on vous laisse décou­vrir), tous les thèmes tordus du cinéaste cana­dien sont là. L’ar­tiste de body art aussi, faisant réfé­rence à la sublime scène de finale de M Butter­fly, un de ses plus beaux films encore sous-estimé. Malheu­reu­se­ment, la construc­tion et le ludisme dispa­raissent de son style tardif. Les dialogues presque toujours sérieux, la distan­cia­tion de la caméra à l’in­té­rieur de chaque plan et le rythme apathique en feraient presque un film post-mortem avant l’heure. Une idée qui pour­rait ne pas déplaire au réali­sa­teur, mais qui renvoie plus ce dernier film à une compi­la­tion de ses préoc­cu­pa­tions passées qu’à l’ici et main­te­nant. Un futur anté­rieur en quelque sorte.

Les Crimes du futur de David Cronen­berg (Can-Grè, 1h48) avec Viggo Morten­sen, Léa Seydoux, Kirs­ten Stewart, Scott Speed­man, Don McKel­lar, Tanaya Beatty, Welket Bungué… Sortie le 25 mai.