Elle est deve­nue une icône dans son pays, à cher­cher la vérité sur la dispa­ri­tion de son mari pendant la guerre du Kosovo pendant les années 90. Blerta Nasholli consacre son premier film à Fahrije Hoti, luttant contre le patriar­cat et un système poli­tique corrompu et rétro­grade pour entre­te­nir la mémoire de son mari, et sa ruche. Elle refuse surtout obsti­né­ment sa mort tant qu’elle n’en obtient pas la preuve, de l’ou­ver­ture glaçante des linceuls au début du film à la décou­verte de vête­ments dont elle ne recon­naît pas l’ap­par­te­nance. De ce point de vue, il y autant du Sous le sable de François Ozon qu’une docu-fiction dans ce premier tenu, cadré, nerveux, sans misé­ra­bi­lisme ni sensi­ble­rie.

Les femmes de La Ruche.

Double révé­la­tion fémi­nine

Car cette Ruche est le portrait construit d’une éman­ci­pa­tion au fémi­nin, au milieu des fantômes d’une guerre qui, sans deuil, n’a jamais eu de fin, et d’un patriar­cat bien réel. Blerta Nasholli ne s’ap­pe­san­tit jamais mais filme en acte la façon dont Fahrije Hoti a pris son destin en mains, en s’unis­sant avec d’autres femmes, pour tirer son indé­pen­dance des ressources de son exploi­ta­tion agri­cole. Bien mieux mis en scène que le récent Clara Sola encore à l’af­fiche, cette éman­ci­pa­tion au fémi­nin est d’une toute autre trempe, construit dans sa mise en scène et portée par une actrice impres­sion­nante, Yllka Gashi, révé­la­tion du film. Décou­vrir la véri­table Fahrije dans les images d’ar­chives au géné­rique de fin n’en est que plus émou­vant. A partir d’un sujet origi­nal traité avec intel­li­gence, la double révé­la­tion d’une cinéaste et d’une actrice. Indis­pen­sable.

La Ruche (Hive, Kosovo-Suisse-Alba­nie, 1h23) avec Yillka Gashi, çun Lajçi, Aurita Agushi… Sortie le 1er juin.