Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Gru est un « méchant » qui sourit tout le temps (parfois en se frot­tant les mains). Pour cette suite en forme de prequel, il rede­vient le « le petit morveux potelé » qu’il était enfant, et ne rêvait que de deve­nir celui dont il rêve : le « super-méchant » Will Karna­ge… Cet esprit festif et mali­cieux – deux quali­tés qu’on ne trouve plus beau­coup dans l’ani­ma­tion contem­po­raine – on le doit au génie graphique des dessi­na­teurs français Pierre Coffin et Eric Guillon (coco­rico !) de chez Illu­mi­na­tion enter­tain­ment (Cali­for­nie). Avec Moi, moche et méchant (le 4 est en route) et aujourd’­hui Les Minions , de simples illus­tra­teurs ils sont deve­nus les créa­teurs de la fran­chise la plus fun et la plus inven­tive visuel­le­ment de la dernière décen­nie.

Gru, au centre des Minions 2.
Même au milieu des méchants, Gru sourit…

Minions tout plein

Si Pierre Coffin se concentre dans ce nouvel épisode sur le doublage « gloubi-espe­ranto-boulga » de ces petites créa­tures qui font les yeux doux qui gros­sissent (un marron, un vert) quand elles veulent obte­nir ce qu’elles veulent, on retrouve les gags qui pétillent, une action qui va à cent à l’heure et des idées visuelles pour chaque person­nage et pratique­ment chaque scène. Bref, tout ce qu’on aime dans le dessin animé.

Les Minions au langage codé inventé par Pierre Coffin.
Les Minions montrent la langue.

Les dents de la mer

La recons­ti­tu­tion des années 70 fait merveille de la blax­ploi­ta­tion aux tubes disco et en 1h30 passant plus vite qu’un court-métrage d’au­teur français, vous aurez le temps d’as­sis­ter à une course-pour­suite folle­ment graphique sur les collines escar­pées de San Fran­cisco, une initia­tion kung-fu dans China­town ou une danse funky du jeune Gru en guise de toilette mati­nale (en faisant claquer son slip élas­tique trop court pour lui) ! Bref, tout ce qu’on aime en matière de comé­die animée. Jusqu’au décol­lage des Minions façon Stan­ley Kubrick sur un rythme de valse, ou la boule puante qui permet au futur super-méchant de regar­der un vrai-film de méchant, Les Dents de la mer, avec son masque à gaz… Et quand il braque une banque, c’est pour voler… La Joconde ! On ne se refait pas. L’uni­vers graphique très coloré rappelle souvent celui de Comme des bêtes, déjà signé Eric Guillon. On espère simple­ment que le vrai-faux enter­re­ment final des Minions n’est qu’un au revoir pour les deux potes de l’ani­ma­tion à la française expor­tée aux Etats-Unis. On repren­drait bien une bonne dose de bonheur méchant !

Les Minions 2, Il était une fois Gru de Kyle Balda (EU, 1h27). Dessin animé avec les voix de Gad Elma­leh, Pierre Coffin, Clau­dia Tagbo, Gérard Darmon… Sortie le 6 juillet.

Gru et les Minions pendant leur sommeil.