S’il abuse un peu trop des effets numé­riques, le nouveau film de George Miller est un conte senti­men­tal sur le pouvoir des contes, entre un génie (Idris Elba) et une vieille fille univer­si­taire (Tilda Swin­ton). Ou comment se racon­ter des histoires pour sortir de sa soli­tude. La belle surprise de la rentrée.

Alors qu’elle s’ap­prête à donner une confé­rence à Istan­bul, une cher­cheuse en mytho­lo­gies voit sortir d’un flacon un génie en peignoir (il est pudique) dans sa chambre d’hô­tel… Quand on découvre que le « djinn » en ques­tion a la muscu­la­ture d’Idris Elba, on comprend que Tilda Swin­ton retrouve sa malice d’en­fant sous sa perruque de vieille fille à la façon d’une Mireille Matthieu rousse. Elle est géniale, dans un de ses plus beaux rôles. Car à partir de ce qui pour­rait n’être qu’un huis-clos dans une chambre d’hô­tel, le réali­sa­teur de Mad Max fury road, ici en plein trip roman­tique, a trois mille fois plus d’ima­gi­na­tion que la moitié des cinéastes français actuels réunis pour s’adon­ner à ses 1001 nuits. Peut-être même un peu trop : à force de partir dans les dédales des contes qu’on se raconte pour le plai­sir, il multi­plie sans doute un peu trop les effets numé­riques « liquides » (un objet sur deux semble s’éva­nouir dans le décor en images de synthè­se…), qui frisent le bon goût sans jamais y tomber.

Idris Elba, le génie de 3000 ans à t'attendre de George Miller.
Idris Elba, à l’oeil.
Tilda Swinton à la recherche de son génie dans 3000 ans à t'attendre de George Miller.
Tilda Swin­ton au milieu de son gourbi stam­bou­liote.

Moi + toi, Tilda Swin­ton + Idris Elba

Les défauts de ce film plein de charmes (Idris Elba a vrai­ment la plus belle chute de reins de Holly­wood) restent véniels, car le propos est magni­fique : « mon cerveau déve­loppe autant de pouvoir que de soli­tude«  se désole en substance Tilda Swin­ton. 3000 ans à t’at­tendre est un conte chuchoté, au rythme indo­lent, entre deux soli­tudes qui ont besoin du désir de l’autre pour se racon­ter des histoires. « Tu es là, mon impos­sible« , finira par dire l’uni­ver­si­taire. Deux soli­tudes qui discutent pour trou­ver comment s’ai­mer, voilà fina­le­ment ce que raconte 3000 ans à t’at­tendre.

L'ambiance des 1001 nuits de 3000 ans à t'attendre de George Miller.
Idris Elba, génie des 1001 nuits de George Miller.

Une belle histoire, avec deux magni­fiques inter­prètes

Idris Elba est magni­fique de sobriété, atten­tif à chaque mot qu’elle prononce, encom­bré des super-pouvoirs qui le possèdent. Ce n’est sans doute pas un hasard si le fil est l’adap­ta­tion, par une jeune scéna­riste, Augusta Gore, de la story de Dame A.S. Bayatt. Un point de vue double­ment fémi­nin à travers deux géné­ra­tions qui mêle imagi­naire ances­tral et nouvelles tech­no­lo­gies. Jusqu’à une fin des plus touchantes qui donne son titre au film. Comme les contes et légendes dont il est ques­tion tout du long, 3000 ans à t’at­tendre, c’est d’abord une belle histoire, portée par deux magni­fiques inter­prètes, sous le regard origi­nal d’un metteur en scène qui a toujours su renou­velé sa soif d’ima­gi­naire. La première belle surprise de la rentrée.

3000 ans à t’at­tendre de George Miller (Aus-E.U., 1h48) avec Tilda Swin­ton, Idris Elba, Anthony Mois­set, Alyla Brow­ne… Sortie le 24 août.

Idris Elba dans 3000 ans à t'attendre de George Miller.