Elec­trique et senso­riel, tel est le premier de Lola Quivo­ron, avec une Julie Ledru au « physique antillais« , écra­sant tout ce qui passe – et pas seule­ment sur le bitume – pour son premier rôle à l’écran. Elle sniffe le kéro­zène comme d’autres la violette, dégaine la poignée de son guidon comme personne, surtout quand il s’agit de voler la bécane qu’elle sait ne pas pouvoir se payer, mais dont elle connaît chaque pièce comme person­ne… Y compris quand il s’agit des caille­ras de bac à sable que cette JoeyS­tarr au fémi­nin remet à leur place à la première occa­sion.

Yanis Laki pour son premier rôle au cinéma dans Rodéo.
Yanis Lafki, révé­la­tion mascu­line de Rodéo.

Car si ce premier film fera à l’évi­dence les frais des récentes polé­miques sur les rodéos urbains, il n’est pour­tant en rien idéo­lo­gique, effron­té­ment amoral mais on ne peut plus fron­tal quand il s’agit d’abor­der le vol, le danger, la mort. Aux scènes natu­ra­listes d’adré­na­line ou de zonzon, Lola Quivo­ron fait même se succé­der des fantômes surna­tu­rels reve­nus des acci­dents, tout en filmant de façon très juste la galère sociale d’une famille au second plan. En restant au plus près des corps quand il s’agit de filmer un désir qui ne dit pas son nom (superbe Yanis Lafki, fondant d’amour pour labelle qu’il n’ose pas toucher), comme un trans­fert ciné­ma­to­gra­phique. Fron­deur, fémi­niste, grisant, ce road movie fémi­niste fait de bien par où il passe, en traçant sa route sans jamais rien deman­der à personne. Beau film.

Rodéo de Lola Quivo­ron (Fr, 1h45) avec Julie Ledru, Yanis Lafki, Anto­nia Bure­si… Sorti depuis le 7 septembre.

Julie Ledru pour son premier rôle au cinéma dans Rodéo de Lola Quivoron.