Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans le cinéma français, les gens adorent parler d’eux… Roschdy Zem n’échappe pas à la règle sans son nouveau film, comé­die ratée auto­bio­gra­phique, inspi­rée par l’ac­ci­dent céré­bral de son petit frère… Acteur devenu subtil avec le temps et souvent grâce aux femmes (comme dans Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski), Roschdy Zem est resté en six films un « réali­sa­teur » pataud et imper­son­nel, parti­cu­liè­re­ment dans le polar qui fait la gueule bouche fermée (Omar m’a tuer, déjà avec Sami Bouajila, ou Persona non grata, balourds). Il a beau emprun­ter ici le style nerveux et brut de décof­frage de Maïwenn, co-scéna­riste (qui joue bien sûr sa compagne), les crêpages de chignon dans le grand appar­te­ment avec vue sur Paris de l’ani­ma­teur du Late Foot­ball club sur Canal (incarné par Zem lui-même), font long feu.

Alors que l’ac­ci­dent céré­bral du frérot révèle les dissen­sions fami­liales avec un senti­ment attendu que la bande annonce du prochain film de Rachid Boucha­reb (Nos fran­gins, qui fait une appa­ri­tion de pote-comé­dien dans le film, on pour­rait presque inver­ser les titres). Bref, tout le monde s’en­gueule et fait la gueule comme dans un film de Nico­las Bedos, et il n’y pas grand monde à sauver. Serions-nous dans un film français ? L’entre-soi pari­sien conta­mine même les familles issues de la diver­sité : fric, égoïsme, crise de couple et problèmes de commu­ni­ca­tion l’oreille vissée au télé­phone, le tout croqué par une caméra à l’épaule qui filme tout indif­fé­rem­ment et de la même façon, diffi­cile de s’in­té­res­ser à quiconque. Encore moins de déce­ler la trace d’une préten­due comé­die, avec aussi peu d’hu­mour et de compo­si­tion de situa­tions.

Sami Bouajila atteint d'un accident cérébral dans Les Miens de Roschdy Zem.
Merveilleux Sami Bouajila.

Sami Bouajila émou­vant

C’est d’au­tant plus dommage qu’il y avait un beau sujet dans Les Miens : deux frères dont l’un a tout et ne voit plus rien (l’ani­ma­teur télé bien sûr), alors que l’autre n’a plus rien (il perd son boulot, sa femme, on vous la fait cour­te…) mais voit tout (merveilleux Sami Bouajila, faus­se­ment perdu et vrai­ment émou­vant). Malheu­reu­se­ment, pas la trace d’un metteur en scène pour filmer ces deux points de vue, d’au­tant que Zem quitte rapi­de­ment le petit frère pour se foca­li­ser sur le nombril de l’ani­ma­teur télé et ses petits problèmes de couple qui, comme disait l’autre, nous en touche une sans faire bouger l’autre (on parle des émotions, bien sûr)… Et lorsqu’il finit par faire danser tout ce petit monde sur le reprise du Beggin’, le tube de Madcon (déjà utilisé par Nakache Et Tole­dano il y a plus de douze ans à la fin de Telle­ment proches), on se dit que, déci­dé­ment, Roschdy Zem réali­sa­teur n’a pas beau­coup de person­na­li­té…

Les Miens de et avec Roschdy Zem (Fr, 1h25) avec Sami Bouajila, Maïwenn, Rachid Boucha­reb… Sortie le 23 novembre. Désor­mais dispo­nible sur Canal Plus.