Il y a peu de séries qui vieillissent aussi bien dans le temps. Débar­rassé des appa­rats de la première saison à HawaÏ, Mike White renou­velle entiè­re­ment son panel de riches clients dans un hôtel para­di­siaque avec The White Lotus 2. Pas un person­nage qui ne nous inté­resse au fil du temps, toujours portés par des acteurs impres­sion­nants, et des dialogues qui tombent comme des coupe­rets : « Les hommes se croient impor­tants mais ils errent en soli­taire » remarque inci­dem­ment une jeune femme en appa­rence naïve, mais visi­ble­ment sans illu­sion sur son couple et les enjeux de pouvoir.

« On est trop jeunes pour être vieux » finissent par consta­ter Ethan et Carter, en tâchant (diffi­ci­le­ment) de rester fidèle et honnête l’un pour l’autre. En double couple voisin de cham­brées, Will Sharpe et Theo James restent les attrac­tions sensibles jusqu’à leur affron­te­ment finale, comme les deux jeunes filles de joie italiennes, para­sites irré­sis­tibles d’un hôtel 5 étoiles qui se voudrait bien tenu.

Theo James et Will Sharpe s'engueulant dans l'eau de The White Lotus.
Theo James et Will Sharpe, deux beaux mâles en sursis…

The White Lotus 2 : liber­ti­nage et luci­dité impla­cable

A la fois trivial et clas­sieux, Mike White se concentre encore plus sur les névroses (souvent para­noïaques) et les aspi­ra­tions senti­men­tales de ses clients, addicts à des désirs qu’ils n’osent pas nommer ou affron­ter. Plus qu’une satire anti-riches à la façon du Sans filtre de Ruben Östlund, même s’il ne les épargne jamais jusqu’à un finale parti­cu­liè­re­ment noir, c’est surtout à une gale­rie de portraits de couples – défaits, soudés comme ils peuvent ou encore à faire – à laquelle s’at­tèle Mike White avec une rare finesse, et para­doxa­le­ment beau­coup de tendresse.

C’est en faisant évoluer ses person­nages dans le temps que s’ap­pré­cie The White Lotus, par petites touches impres­sion­nistes tour à tour drôles, sarcas­tiques ou émou­vantes, jamais esclave des appa­rences. D’une luci­dité impla­cable, cette sorte d’Eyes wide shut choral sait aussi rester liber­tin dans des dialogues ou des scènes de sexe inci­dentes mais très crues, jamais gratuites, en faisant toujours exis­ter dans sa mise en scène la réac­tion de ses person­nages comme un boule­ver­se­ment inté­rieur.

Rien de cynique là-dedans, au contraire, le drame presque roman­tique dans une Sicile idyl­lique de person­nages de tous âges qui ne parviennent plus à accor­der leurs senti­ments avec leurs désirs. Un sommet d’ob­ser­va­tion sociale qui met constam­ment en scène les tour­ments inté­rieurs de ces drôles d’ani­maux pertur­bés par les autres que nous sommes. Une claque.

The White Lotus de Mike White, saison 2 inté­grale (7×1h envi­ron) sur OCS. Un person­nage annonce un départ pour les Maldives pour une saison 3, que Mike White a confir­mée depuis.

Simona Tabasco et Adam DiMarco dans la piscine de The White Lotus.
Adam DiMarco, dans l’eau et bien­tôt dans les filets de Simona Tabasco.