Drame intime, critique sociale et western contem­po­rain : Guillaume Renus­son traite du sort des réfu­giés clan­des­tins à la fron­tière franco-italienne dans un premier film brutal, où Denis Méno­chet et Zar Amir Ebra­himi impres­sionnent.

Lorsque Samuel (Denis Méno­chet) part s’exi­ler dans son chalet de montagne personne ne sait ce qu’il a en tête. Veuf et à la charge d’une petite fille, il a besoin de se retrou­ver seul et commence à dépous­sié­rer l’en­droit rempli de souve­nirs doulou­reux. Dans la nuit, Cheh­reh (Zar Amir Ebra­himi) se réfu­gie chez lui. La jeune afghane veut traver­ser la montagne pour rejoindre la France et Samuel, devant sa détresse, décide de l’ai­der. Commence alors un long périple dans les montagnes où le tandem va se heur­ter aux diffi­cul­tés du terrain mais égale­ment au racisme et à la violence d’un groupe de natio­na­listes qui les prennent en chasse comme du vulgaire gibier.

Cheh­reh (Zar Amir Ebra­himi) et Samuel (Denis Méno­chet) blessé par les chas­seurs de migrants

Le grand silence

Si le titre annonce le genre « survi­val » du film, il carac­té­rise égale­ment les deux person­nages. Deux êtres endeuillés et soli­taires, qui dans leur entraide vont se sauver mutuel­le­ment et réap­prendre à vivre. Dans une scène magni­fique, Samuel essaye de chan­ger les vête­ments trem­pés de Cheh­reh pour lui éviter l’hy­po­ther­mie et celle-ci se débat par peur d’être violée avant de fina­le­ment se lais­ser faire. Ce geste touchant finit d’ins­tau­rer la rela­tion de confiance entre les deux et quand elle lui demande pourquoi il fait tout ça il lui répond simple­ment : « Parce que tu as besoin d’aide« .

En paral­lèle de ces moments d’hu­ma­nité le film relâche rare­ment la tension et offre des scènes de traque intenses dans lesquelles Denis Méno­chet (récem­ment vu dans l’ex­cellent As Bestas, à revoir au festi­val Télé­rama) et la fabu­leuse Zar Amir Ebra­himi (Les Nuits de Mash­had) se donnent corps et âmes. Rappe­lant Le Grand Silence (western mutique et enneigé de Sergio Corbucci) les dialogues se font rares et Guillaume Renus­son filme ces deux corps luttant dans le décor hostile et silen­cieux des Alpes italiennes où chaque bruit devient une menace.

Les Survi­vants de Guillaume Renus­son (Fr, 1h34) avec Denis Méno­chet et Zar Amir Ebra­himi. Sortie le 4 janvier.

Samuel (Denis Méno­chet) s’im­pro­vise passeur dans les Alpes