Voir un grand cinéaste filmer quand il était petit n’est pas forcé­ment passion­nant. Surtout quand tout est aussi attendu et daté que cette auto­bio­gra­phie en pantoufles : incrus­ta­tions de scènes de cinéma à n’en plus finir, chro­nique fami­liale en super 8, papa qui répète 20 fois qu’il ne veut pas du « hobby » de son fiston mais d’un vrai métier et maman qui étouffe sur un petit air de Mozart ou de Satie dans ses robes d’an­tan… Steven Spiel­berg recons­ti­tue son enfance avec l’aca­dé­misme d’un papy qui n’a jamais grandi.

Les Fabel­mans, ou l’al­bum de famille se Steven Spiel­berg

Ça devient carré­ment gênant quand, après tous les stéréo­types de bagarre anti-juifs et du premier râteau au lycée, il filme la sépa­ra­tion de ses parents à la façon d’un mauvais soap niai­seux… « Tu comptes bouder toute ta vie ou gran­dir un jour ? » lui balance un person­nage secon­daire au milieu de cette auto­bio pour les nuls à la réali­sa­tion méca­nique et story­boar­dée…

Même Michelle Williams tient une caméra.

Michelle Williams crève l’écran en maman Fabel­mans

Elle nous l’ôte de la bouche. On s’est demandé à quel moment pendant 2h30 papy Spiel­berg allait enfin existé autre­ment qu’à travers maman et papa (qui ne s’en­tendent plus, bien entendu). La réponse tient en deux moments de toute beauté.

D’abord la décou­verte de la liai­son de sa mère dans l’oeil de sa caméra (magni­fique Michelle Williams qui crève l’écran en mère pianiste border line). Ensuite la rencontre avec « le plus grand cinéaste de tous les temps » dans les studios holly­woo­diens, incarné cigare à la main par un des plus grands réali­sa­teurs d’aujourd’­hui…

« My plea­sure » réplique-t-il au gamin après lui avoir expliqué ce qu’est une ligne d’ho­ri­zon au cinéma. Le plai­sir sera court : c’est juste­ment la fin du film !

The Fabel­mans de Steven Spiel­berg (E.-U, 2h31) avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano, Seth Rogen, Judd Hirsch… Sortie le 22 février. Désor­mais visible sur Canal Plus.