Ce n’est pas parce qu’il a été nommé aux Oscars comme meilleur film étran­ger que The Quiet Girl de Colm Bairéad vaut tripette. La preuve, il est reparti bredouille… Voici pourquoi.

Dans The Quiet Girl de Colm Bairéad (réali­sa­teur de séries), on pleure même en éplu­chant les oignons. C’est dire si vous n’al­lez pas vous marrer… Dès le premier plan – flou et long sur les herbes hautes d’un champ – on a compris qu’on va être dans le plus acadé­mique des films indés : image carrée, image léchée (on n’a jamais vu une ferme aussi propre), la pauvre jeune Cathe­rine Clinch a l’air plus triste que dans une chan­son de Pomme et la musique d’as­cen­seur aux violons est là pour nous rappe­ler qu’elle n’a pas été confié à une autre famille, sans enfants, pour rigo­ler…

L’Ir­lande ruti­lante mais pauvre des années 80…

Mini­ma­lisme balourd et esthé­tique publi­ci­taire

Car « Cait » (le film a été tourné en gaélique) a un secret… que vous décou­vri­rez à la fin du film (c’est d’ailleurs un de ses rares inté­rêts), à moins que vous n’ayiez déjà lu le best-seller de Claire Keegan (Foster, alias Les Trois Lumières en français), ce qui vaut sans doute plus le coup…

Dans cette Irlande rurale des années 70 à l’es­thé­tique publi­ci­taire de Bébé Cadum, pas un plan où quelqu’un ne fasse pas la tronche sans regar­der ses pompes, évitant soigneu­se­ment de sourire ou de regar­der l’autre , même et surtout quand il est dans la même pièce. C’est ce qui s’ap­pelle du mini­ma­lisme balourd, ou de la rete­nue colos­sa­le… Et lorsqu’un dialogue survient, c’est pour nous livrer des infor­ma­tions aussi impor­tantes que : « Maman m’a demandé de chan­ger de culotte tous les jours » (sic). Sans ça, pas sûr que la face déjà bien cachée de cette Quiet Girl en eut été chan­gée…

Certes, le thème qui finit par se dévoi­ler le temps d’une ellipse dont on ne décou­vrira le véri­table sens qu’à la toute fin est parti­cu­liè­re­ment émou­vant. On est chari­table, on n’en dira rien… Mais fallait-il pour cela consom­mer autant de séquences chichi­teuses et simi­laires ? Le silence ciné­ma­to­gra­phique de The Quiet Girl est assour­dis­sant, pur produit d’un cinéma d’au­teur mondia­lisé dont raffole un peu trop les céré­mo­nies et les festi­vals…

The Quiet Girl de Colm Bairéad (Irl, 1h35) avec Cathe­rine Clinch, Carrie Crow­ley, Andrew Bennett… Sortie le 12 avril.