Quelques images d’en­fants qui courent volées d’un bus au Mali, un soldat blessé en plein effort physique de recons­truc­tion de retour en France a l’hô­pi­tal… Les dix premières minutes des Âmes soeurs laissent présa­ger un instant d’un Téchiné retrouvé. Las, le film le plus narcis­sique de son réali­sa­teur depuis long­temps n’en fera rien. Ni du Mali, ni de l’ar­mée ni du passé de ce jeune homme amné­sique.

Il s’en­ferme de suite et se perd tout ensemble dans un énième récit d’ado­les­cence éper­due et abso­lue autour d’une vrai faux inceste entre deux demi-frère et sœur et une rela­tion mort née : l’un qui ne se souvient plus de rien mais est resté marqué d’avoir été élevé trop près de sa soeur, l’autre qui a passé trop de temps à s’oc­cu­per des autres et va devoir s’oc­cu­per de son petit frère alors qu’elle veut déjà partir vivre sa vie. Bref, Les Âmes soeurs sont en réalité une non-rela­tion impos­sible comme les aime Téchiné.

Benjamin Voisin foulard rouge campagne Les Ames Soeurs.
Benja­min Voisin, perdu dans l’Ariège de Téchiné.

Les Âmes soeurs, film perdu pour jeunesse éper­due

Que va-t-il se passer ? Évidem­ment rien, et Téchiné radote tous ses films précé­dents sans jamais parve­nir à en faire un nouveau. On retrouve ainsi le trau­ma­tisme de la guerre du frère des Roseaux sauvages, un travelo des bois en alter-ego du cinéaste revenu de Nos Années folles (avec tenta­tive de suicide dans une mare des bois au bout de dix minutes).

Et bien sûr un jeune homme buté et perdu coupé de sa rela­tion aux autres comme dans tous les films de Téchiné, avec le même couple frère-soeur que dans Les Voleurs et la même fin que dans J’Em­brasse pas… (n’en jetez plus !)

Un café en Ariè­ge…

Les Âmes soeurs, travel­ling, moby­lette et roseaux sauvages

Énième travel­ling de parlote en forêt, et bien sûr, ça de vient sa marque de fabrique, énième pastiche de la scène de la moby­lette enla­cée des Roseaux sauvages en plagiant la musique de feu Philippe Sarde.

L’étran­geté de ces soli­tudes perdues dans une riche demeure déca­tie au fond du bois aurait pu prendre, si seule­ment les rela­tions entre ses trois person­nages eurent été un temps soit peu crédibles, et la caméra autre chose que plate­ment natu­ra­liste (« vibrante » disent les amateurs…).

Les comé­diens n’ont pratique­ment rien à incar­ner dans Les Âmes soeurs (un ancien cama­rade d’ar­mée passe voir David, mais on ne verra jamais la rencontre). Notre incom­pré­hen­sion touche le fond quand Téchiné s’es­saie à filmer en PowerPoint un projet de réha­bi­li­ta­tion écolo de la demeure déla­brée de ce pauvre André Marcon. Tris­tesse.

Les Âmes soeurs d’An­dré Téchiné (Fr, 1h40) avec Benja­min Voisin, Noémie Merlant, André Marcon… Sortie le 12 avril. Désor­mais dispo­nible sur Canal PLus.

Noémei Merlant et André Marcon sourires.