Avant le magni­fique Aline, Valé­rie Lemer­cier reve­nait au cinéma avec une comé­die roman­tique joli­ment suran­née, Marie-Fran­cine, diffu­sée aujourd’­hui gratui­te­ment en prime. En s’amu­sant avec les couples d’adulte comme autant de grands enfants, et un Patrick Timsit à contre-emploi.

On avait retrou­vée Valé­rie Lemer­cier en 2017, après un dernier film (100% Cache­mire) et un dernier spec­tacle à oublier à l’époque, c’est avec Marie-Fran­cine qu’elle retrou­vait enfin sa fantai­sie en osant pour la première fois une comé­die roman­tique. Elle a dû un peu se “faire violence” pour fendre l’ar­mure d’une soli­tude pudique qui avait fini par l’étouf­fer sur scène. Et ça lui réus­sit : d’abord parce que Marie-Fran­cine est un film tout sauf convenu, multi­pliant les figures du couple les plus impro­bables, dans la lignée du Derrière : les jumelles dépa­reillées Marie-Joëlle et Marie Fran­cine, le cuisi­nier séparé et son fils obli­gés de dormir dans le même lit dans un loge­ment trop étroit, ou le couple de parents bour­geois excen­triques avec une Hélène Vincent en pleine santé, dans tous les sens du mot…

Hélène Vincent avec une poupée marionnette dans Marie-Francine.
Hélène Vincent, une mère pas comme les autres.

Patrick Timsit filmé avec la plus grande tendresse

Le couple enfin tout aussi impro­bable que forme Valé­rie Lemer­cier avec un Patrick Timsit à la voix blan­chie, débor­dant d’at­ten­tion et filmé avec la plus grande tendresse, trou­vant ici une nouvelle corde, sensible, à son arc. Mais en plus de savoir écrire dialogues et situa­tions (la fouille dans la poubelle pour retrou­ver un mot sur un citron, ou Denis Poda­ly­dès parfait en ex mari tombeur de paco­tille), Marie-Fran­cine est surtout une réponse enjouée et mali­cieuse aux films dépres­sifs de la cinquan­taine, grande spécia­lité du cinéma français. Chez Lemer­cier, pas de misé­ra­bi­lisme : tout le monde n’en fait qu’à sa tête comme des têtes de cochon atten­dries. Et ce n’est pas parce qu’on est au chômage ou dans la préca­rité qu’on perd sa person­na­lité : le person­nage de Timsit met un point d’hon­neur à compo­ser son assiette comme il l’en­tend, même contre son patron récal­ci­trant. Modes­te­ment, Marie-Fran­cine est aussi un film sur la dignité retrou­vée.

Marie-Fran­cine de et avec Valé­rie Lemer­cier (2017, Fr, 1h35) avec Patrick Timsit, Hélène Vincent, denis Poda­ly­dès… Lundi 8 mai à 21h10 gratuit sur TF1.

Valérie Lemercier chaussettes blanches robe bleue la tête dans une poubelle.
Valé­rie Lemer­cier toujours aussi drôle la tête dans une poubelle.