Agnès Jaoui trouve un de ses meilleurs rôles récents dans Le Cours de la vie de Frédé­ric Sojcher, leçon de cinéma d’une scéna­riste à des étudiants qui vire malheu­reu­se­ment au mélo gros­sier. A vous de voir si vous aimez assez Agnès…

Le cinéma français s’adresse au cinéma français… Ensei­gnant et réali­sa­teur (belge), Frédé­ric Sojcher adapte l’es­sai ciné­ma­to­gra­phique d’Alain Layrac (français), qu’il a lui-même publié – Atelier d’écri­ture, 50 conseils pour réus­sir son scéna­rio – en chan­geant le sexe du prota­go­niste, pour mieux caster Agnès Jaoui

C’est la prin­ci­pale attrac­tion, et la meilleure idée du film : en reve­nant sur les lieux de la véri­table école de l’En­sav à Toulouse pour y livrer une master-class, Agnès Jaoui y est natu­relle, rayon­nante et même émou­vante, et admi­nistre à la jeune géné­ra­tion ciné­phile des ficelles de scéna­rio crédibles (en citant Paul Schra­der), tout en trou­vant un de ses meilleurs rôles récents.

Agnès fait la classe devant un couple gay qui se tient le bras, si c’est pas mimi…

La première partie repose d’ailleurs essen­tiel­le­ment sur le cours en ques­tion (filmé en vraie-fausse caméra d’étu­diant, c’est-à-dire à peu près n’im­porte comment…), même si les retrou­vailles avec son ex devenu direc­teur de l’école (Jona­than Zaccaï, à l’écoute en bon faire-valoir) finissent même par être drôles le temps d’une scène de repas en terrasse dans laquelle on voit passer Stéphane Hénon de Plus belle la vie qui fait cette remarque judi­cieuse : « dans le cinéma français, c’est un peu toujours les mêmes histoires »…

Jonathan Zaccaï et Agnès Jaoui à table en terrasse écharpe rouge et verres de vin.
Jona­than Zaccaï et Agnès Jaoui, juste avant une scène d’une franche rigo­la­de…

Malheu­reu­se­ment, si le réali­sa­teur est belge, la seconde partie du film tombe dans tous les travers de notre bon vieux cinéma d’au­teur français : vignettes sur l’air du temps ridi­cules tant elles semblent cari­ca­tu­rales, aussi­tôt plaquées, aussi­tôt expé­diées (gay, lesbien, non-binaire, il y en aura pour tout le monde, mais il faut voir comment…-, et surtout GROS secret de famille avec la lettre qu’on n’a jamais ouverte depuis trente ans qui n’a pas permis de refer­mer la bles­sure amou­reuse, et psycho­lo­gi­sa­tion à tous les étages de son person­nage qui finira par confes­ser son lourd secret devant les étudiants et libé­rer son ex de ses amours d’an­tan… Mani­fes­te­ment, Frédé­ric Sojcher a choisi d’en rajou­ter pour trans­for­mer ce qui était un essai ciné­ma­to­gra­phique sympa­thique en romance de fiction. C’est d’au­tant plus dommage qu’il avait devant lui une belle inter­prète.

Le Cours de la vie de Frédé­ric Sojcher (Fr, 1h35) avec Agnès Jaoui, Jona­than Zaccaï, Géral­dine Naka­che… Sortie le 10 mai.

Agnès Jaoui en voiture de nuit main sur la tempe.