Renonçant à son natu­ra­lisme habi­tuel, Maïwenn a au moins le mérite de chan­ger de méthode avec sa Jeanne du Barry, en essayant de peindre le portrait d’une femme moderne et subver­sive, même si rien ne dit que la vraie Jeanne du Barry était ainsi… Malheu­reu­se­ment, elle se perd rapi­de­ment dans une romance pseudo-histo­rique très acadé­mique.

Petits rires d’in­gé­nue et huma­nisme pous­sif

On découvre Versailles et son univers grotesque à travers le regard de cette jeune rotu­rière alors qu’elle
saisit les oppor­tu­ni­tés pour se faire une place dans la cour des grands. Si la première heure amuse vague­ment, la seconde agace rapi­de­ment. Crinière de cheveux lâchés, mépris de l’étiquette et huma­nisme pous­sif, Maïwenn enchaîne les petits rires d’in­gé­nue et force le natu­rel de son person­nage, pour mieux se mettre en valeur tout au long du film. Elle accen­tue la laideur et la méchan­ceté de ses belles sœurs façon Cendrillon, se filme en maitresse au grand cœur envers son petit servi­teur noir et, comme un clin d’œil au film de Sofia Coppola, inspire même la jeune Marie-Antoi­nette

Benja­min Lavernhe, vrai bon second rôle. (photos Stépha­nie Bran­chu, Why not produc­tions)

Le roi Johnny Depp et l’ex­cep­tion Benja­min Lavernhe

Tout autour d’elle, les seconds rôles sont assez peu exploi­tés voire cari­ca­tu­raux, à l’ex­cep­tion de Benja­min Lavernhe qui tire son épingle du jeu en servi­teur du roi touchant. Bridé par son accent et la complexité de la langue de Molière, Johnny Depp s’en sort pas trop mal, son charisme natu­rel et son aura de star collant plutôt bien au person­nage royal qu’il incarne. Malgré l’ab­sence éton­nante (pour Maïwenn) de scènes érotiques, diffi­cile de ne pas voir dans ce choix de casting autre chose qu’un fantasme de l’ac­trice-réali­sa­trice. Et lorsque le roi Johnny se retrouve mons­trueu­se­ment défi­guré par la variole sur son lit de mort, c’est elle qui embrasse ses stig­mates comme un doigt d’hon­neur aux récentes polé­miques qui entourent l’ac­teur… Anec­do­tique.

Jeanne du Barry de et avec Maïwenn (Fr, 1h56) avec aussi Johnny Depp, Benja­min Lavernhe, Pierre Richard, Melvil Poupaud… Sortie le 17 mai.