Le corps de Samuel est retrouvé au pied de son chalet par son fils malvoyant de 11 ans revenu d’une prome­nade avec son chien. Chute tragique, suicide ou meurtre : une enquête est ouverte et le doute s’ins­talle autour de sa femme Sandra (Sandra Hüller), présente dans la maison au moment des faits. Plus qu’une simple chro­nique de fait divers, le film part de ces prémices intri­gantes pour tota­le­ment se réap­pro­prier le genre procé­du­ral et dissèque clinique­ment le cours de la justice face à un cas aussi complexe.

Anato­mie d’une chute (photos Carole Bethuel).

Justine Triet et son co-scéna­riste Arthur Harari optent pour un point de vue externe et placent le spec­ta­teur comme un membre du jury, remet­tant en ques­tion sa percep­tion aveugle des évène­ments. En se basant simple­ment sur les diffé­rentes preuves et témoi­gnages appor­tées durant le procès, ils livrent un scéna­rio parfai­te­ment ciselé qui inter­roge la notion même de vérité au sein d’un tribu­nal et nous tient en haleine jusqu’au dénoue­ment.

Swann Arlaud et Sandra Hüller.

Anato­mie d’une chute et autop­sie du couple

Non-dits, déséqui­libres rela­tion­nels et compro­mis, on comprend progres­si­ve­ment que la fameuse « chute » du titre ne repré­sente pas la mort présen­tée en intro­duc­tion, mais plutôt le déclin d’une rela­tion amou­reuse. Au fur et à mesure le procès se trans­forme en une étude de person­nage capti­vante et une analyse complexe des codes arché­ty­paux du couple.

Cette autop­sie conju­gale est subli­mée par l’in­ter­pré­ta­tion de Sandra Hüller qui, jamais dans la perfor­mance, jongle entre français et anglais pour déli­vrer un jeu tout inté­rio­rité rempli d’am­bi­guïté. Avec Swann Arlaud et Antoine Reinartz à ses côtés. Le grand film de la rentrée qui a mérité sa Palme d’Or.

Anato­mie d’une chute de Justine Triet (Fr, 2h30) avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Samuel Théis… Sortie le 23 août.