Dans son ensemble noir, avec ses gestes posés, Nicole Corti dégage une certaine auto­rité natu­relle. Et de l’au­to­rité, il en faut quand on a dirigé le chœur Brit­ten jusqu’à un niveau inter­na­tio­nal, en plus d’avoir était la première femme à la tête de la maîtrise de Notre-Dame de Paris. Un poste que la Lyon­naise a occupé de 1993 à 2006, soit treize années d’in­ves­tis­se­ment total, passées à réamé­na­ger la maîtrise en lieu de forma­tion pour profes­sion­na­li­ser les chan­teurs, en plus d’ac­com­pa­gner chaque jour les offices. Depuis 2017, c’est à la tête de l’en­semble Spirito que Nicole Corti offi­cie. Une forma­tion qui dénote par sa taille : 32 chan­teurs qui peuvent se produire en très petite forma­tion pour des concerts de musique de chambre, comme passer en forma­tion sympho­nique. Et quand l’en­semble accom­pagne l’ONL avec le Jeune chœur sympho­nique, formé par Spirito, la cheffe de choeur dirige jusqu’à 80 chan­teurs, « une rareté dans le contexte écono­mique, qui permet de faire entendre un réper­toire d’une richesse inouïe !  ».

Musique en cuisine

Il suffit de jeter un œil au programme de Spirito pour comprendre que Nicole Corti est toute entière tour­née vers le public : « La musique est faite pour être reçue, je suis connec­tée à cette idée dès que l’on commence à travailler ». De Ouïe le jeudi, au Mac – sorte de répé­ti­tions publiques augmen­tées d’échanges avec les spec­ta­teurs- aux carte postale distri­buées à la sortie des concerts pour que les audi­teurs envoient leurs avis, la Lyon­naise multi­plie les initia­tives pour donner des clefs d’écoute et fidé­li­ser le public : « L’idéal, c’est lorsque en écou­tant une œuvre, les gens ont l’im­pres­sion de la chan­ter eux-mêmes  ». Elle n’hé­site pas, non plus, à asso­cier la musique aux autres sens, consi­dé­rant que cet art est avant tout senso­riel. Avec la société Emosens, elle a créé des parfums asso­ciés à chaque programme et distri­bués sous forme de carton parfumé à l’en­trée des concerts, avant de lancer le mois dernier un concert gastro­no­mique en compa­gnie du chef étoilé Jérémy Galvan et de quatre jeunes chefs de chœur, avec des plats qui s’ac­cor­daient aux notes de musique.

De Bruck­ner à l’ac­cor­déon

Egale­ment femme d’en­ga­ge­ment, qui cette année donne la voix aux séniors amateurs avec le projet le Chœur des sages, Nicole Corti reste avant tout une défri­cheuse de réper­toire. Celui de son ensemble est très large, embras­sant un réper­toire allant du XVe siècle à aujourd’­hui. Et alors que Spirito s’ap­prête à sortir son premier disque consa­cré au très roman­tique Anton Bruck­ner, Nicole Corti prépare Cori, un programme dédié aux compo­si­trices de toutes les époques. Parmi elles, la Lyon­naise Edith Canat de Chizy, qui a créé spécia­le­ment pour Spirito une œuvre avec 12 chan­teurs et… deux accor­déons ! « Ces instru­ments popu­laires ont énor­mé­ment évolué, aujourd’­hui ils peuvent même rempla­cer un orgue  », s’en­thou­siasme la cheffe de choeur, qui déci­dé­ment n’ap­par­tient à aucune chapelle. Caro­line Sicard

Cori, fémi­nin pluri-elles, dimanche 24 novembre à 17h à Cour-et-Buis (38). Gratuit + navette gratuite au départ de Lyon. spirito.co