
On vous avait prévenu que la venue de Nikolaj Szeps-Znaider à la tête de l’ONL était prometteuse. Pas seulement par sa convivialité et sa façon simple et humoristique de s’adresser au public. Mais surtout parce qu’il a entamé un travail de fond avec l’orchestre depuis son arrivée en septembre. Malgré le confinement et l’absence de public, il a travaillé depuis trois semaines sur la scène de l’Auditorium à un son plus compact, nerveux et plein de vie pour rendre justice à la musique symphonique viennoise qu’il aime, à l’aube du romantisme. Après Schumann (dont il dirigera encore deux symphonies d’ici la fin de la saison), Mendelssohn et l’Italienne la semaine dernière, c’est l’Héroïque de Beethoven qui marquait cette semaine le point d’aboutissement de ce premier trimestre. Un grand moment, que vous avez pu malgré tout goûter à distance à travers le live audio que l’Auditorium a mis en place, présenté par votre serviteur. Pour avoir donc eu le privilège d’y assister, il fallait voir Znaider en bras de chemise (pas de queue de pie sans public), diriger l’ONL par coeur, en pleine extase, allant chercher chaque pupitre pour en tirer le meilleur. Une cavalcade galvanisante dans un monument de joie en quatre mouvements : puissant comme Hercule, mais toujours précis, spirituel, virevoltant, jamais pesant, avec en contrepoint un des plus beaux adagios de Beethov, en forme de « marche funèbre« . Nikolaj Szeps-Znaider a déjà su trouver avec l’ONL une manière de Chamber orchestra of Europe, orchestre qui avait signé avec Harnoncourt la version de référence des symphonies de Beethoven, encore trop souvent alourdies par des interprétations ou des effectifs par trop pompeux. Dans ce véritable festival pour orchestre (pas un pupitre ne prend le pas sur les autres et tous concordent à se répondre en permanence), on sent déjà toute la dynamique insufflée par le maestro à l’ONL. Dynamique qui ne devrait que continuer de s’accroître au fil de la saison… En espérant que d’aussi beaux moments de musique puissent être réitérées lorsque le public pourra à nouveau passer les portes de l’Auditorium, ce qui ne devrait plus tarder…

La découverte du chef
En prime, vous pourrez découvrir en première partie de programme le Concerto Funèbre de Karl Hartmann, oeuvre déchirante à l’aube de la deuxième guerre mondiale, qui cherchait aussi à dépasser les malheurs des temps par l’expression de la musique. C’est Jennifer Gilbert, supersoliste de l’ONL, qui porte à merveille cette « voix humaine » du violon s’élevant au-dessus du chaos. Un grand moment de musique, humaniste, en route vers la joie, à savourer tout le week-end, en attendant de retrouver le grand Nikolaj et son orchestre sur la scène de l’Audi. Vivement demain.
Ecoutez l’Héroïque de Beethoven et le concerto de Hartmann par Nikolaj Szeps-Znaider en replay live.
Lundi 7 décembre à 20h : grand entretien exclusif de Luc Hernandez avec Nikolaj Szeps-Znaider dans Les Trésors cachés de l’ONL sur Rcf Lyon.