Il sont tous deux d’une profonde fidé­lité. Voilà plus de dix ans qu’A­lexandre Tharaud revient régu­liè­re­ment à Piano à Lyon. Discret, remon­tant sans cesse son réper­toire sur le métier, il s’est fait connaître par ses inter­pré­ta­tions inspi­rées de musique baroque sur clavier moderne, à une époque où elle n’in­té­res­sait pas forcé­ment grand-monde. Depuis, il est devenu dans sa caté­go­rie le plus gros vendeur de disques en France et conti­nue de ne pas avoir de piano chez lui et d’al­ler répé­ter chez ses amis, « pour entre­te­nir le manque ». Soli­taire voya­geur, il a toujours le trac et joue sur parti­tion, contrai­re­ment à la plupart de ses collègues.

Alexandre Tharaud. (photo: Marco Borg­greve / Erato)

Schu­bert et le cinéma

Après son appa­ri­tion au cinéma dans le chef-d’oeuvre de Michael Haneke, Amour, aux côté d’Isabelle Huppert et Jean-Louis Trin­ti­gnant, anti-vedette, il est revenu derrière son clavier pour reprendre ses tour­nées des deux côtés de l’At­lan­tique (il vit à Montréal), préfé­rant le vrai labeur de la montée sur scène. Fidèle aussi à sa maison de disque Erato, c’est avec son dernier opus consa­cré aux Moments musi­caux et Impromp­tus de Franz Schu­bert qu’il revient à Lyon, non sans évoquer indi­rec­te­ment le cinéma : le moment musi­cal en la majeur habi­tait Au revoir les enfants de Louis Malle, et l’im­promptu op. 90 en Sol bémol majeur, le plus popu­laire, parcou­rait l’his­toire d’amour entre Josiane Balasko et Gérard Depar­dieu dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier. C’est l’en­semble des deux cycles figu­rant sur son nouveau disque que vien­dra inter­pré­ter Alexandre Tharaud, sans oublier pour autant de prendre des chemins de traverse, à travers L’Après-midi d’un faune de Debussy dans une trans­crip­tion maison pour clavier. Avant de reve­nir à ses racines baroques, à travers un bouquet de sonates de Scar­latti. Le concert du mois à ne pas manquer.

Alexandre Tharaud, Moments musi­caux et Impromp­tus opus 90 de Schu­bert (+ Debussy & Scar­latti). Mercredi 9 février à 20h30 à Piano à Lyon, salle Molière, Lyon 5e. De 30 à 60 € (a priori ne restent que quelques places en 3e série à 35 €).