Cyrious, rete­nez ce nom. De la program­ma­tion esti­vale de La Rayonne à la grande scène de Wood­sto­wer, on le retrou­vera à l’af­fiche de tous les bons plans de l’été 21. Et pour cause, le rappeur lyon­nais vient de sortir Zénith, un brillant nouvel EP qui tourne déjà en boucle sur notre platine. Sur des prods aériennes signées Hakuf3n, le jeune MC pose son flow impec­cable et nous embarque dans son univers bien à lui.

Tantôt léger et festif comme sur le tube collé-serré Sound System, tantôt profond et mélan­co­lique comme sur le superbe Doux, Cyrious oscille entre l’ombre et la lumière. Un homme pas vrai­ment sûr de lui mais sûr d’une chose : que le salut vien­dra de la musique, qu’il aime par-dessus tout. Une passion dévo­rante et géné­reuse, doublée d’une grande ouver­ture esthé­tique : on entend chez lui des échos de reggae, de chan­son, de soul ou de jazz.

Cyrious, rap à contre-courant

À contre-courant d’une scène rap actuelle qui cherche la punchline à tout prix – tout ça pour finir découpé en bande son TikTok de 15 secondes, fran­che­ment ne vous donnez pas tant de mal – Cyrious préfère écrire ses chan­sons en entier, avec un début, un milieu et une fin. Les mots sont justes, les phrases s’en­chaînent avec vitesse mais jamais au détri­ment du groove.

Cyrious sur la scène des Nuits de Four­vière. (photo Susie Waroude)

Les histoires font mouche à chaque fois et petit à petit émerge un senti­ment de proxi­mité totale avec l’ar­tiste, comme si Cyrious était là, juste là, à côté de nous, qu’on était comme des potes, atta­blés à la terrasse d’un café et qu’il nous racon­tait, à nous, ses meilleurs amis donc, comment il est encore tombé amou­reux (de Nala – oui, comme la lionne du Roi Lion).

Pas ghetto pour un sou, Cyrious n’en est pas moins engagé et n’hé­site pas à sortir la sulfa­teuse pour dézin­guer les diffé­rents poseurs ou para­sites rencon­trés sur son chemin de galé­rien. Sa poésie s’ap­puie sur du vécu, c’est là toute sa force. « Je vais gravir des sommets, enfin prendre de l’al­ti­tu­de… », glisse-t-il dans Ciel, le titre d’ou­ver­ture. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Et si c’était lui qui offrait à la scène hip-hop lyon­naise le succès natio­nal après lequel elle court depuis Casus Belli et L’Ani­ma­le­rie ? Après l’ex­cellent Aube sorti en 2020, Cyrious signe avec Zénith un deuxième opus qui nous donne toutes les raisons d’y croire.