On le disait depuis un moment : ces dernières années la program­ma­tion « de jour » des Nuits Sonores s’est étof­fée à un tel point qu’elle était deve­nue pour nous l’at­trac­tion prin­ci­pale de l’évé­ne­ment. Eh bien c’est désor­mais enté­riné par les orga­ni­sa­teurs eux-mêmes : dix éditions après son inven­tion en 2011, le programme NS Days devient offi­ciel­le­ment le cœur du festi­val. Il hérite du site prin­ci­pal, aux anciennes usines Fagor-Brandt, tandis que les Nuits se dérou­le­ront au Sucre et à la Sucrière. Le Day 2, notam­ment, nous fait les yeux doux. Avec juste le bon équi­libre entre décou­vertes intri­gantes et grosses cartouches qui envoient du bois… ça tombe bien, jeudi est férié.

DJ Harvey, comme dans une série améri­cai­ne…

Back in the Days

Alors ça donne quoi, ces jours XXL ? La part belle aux instal­la­tions hybrides et multi­mé­dia, pour commen­cer, avec le retour de la scène 360° expé­ri­men­tée l’an dernier. On retrou­vera donc pléthore de lives « A/V » – pour audio­vi­suels – tout au long du festi­val. Les musiques élec­tro­niques et les arts visuels, c’est une tendance de fond depuis un moment ; elle prend véri­ta­ble­ment son envol ces dernières années, grâce au perfec­tion­ne­ment des systèmes de diffu­sion et de projec­tion et bien sûr à la créa­ti­vité des jeunes artistes aux manettes. Au-delà de l’in­té­rêt scéno­gra­phique, qui nous propulse dans une expé­rience toujours plus immer­sive, les perfor­mances visuelles s’af­firment aussi de plus en plus comme des outils d’en­ri­chis­se­ment du propos poli­tique des artistes. Ce sera par exemple le cas dans la colla­bo­ra­tion entre la produc­trice anglaise Aya et l’ar­tiste Sweat­mo­ther qui utilisent des tech­niques docu­men­taires pour créer un véri­table récit et inté­grer à la perfor­mance tout une réflexion sur la ques­tion des iden­ti­tés fémi­nines ou non-conformes dans le genre. On enchaî­nera avec une perfor­mance atten­due des deux régio­naux de l’étape : A Strange Wedding et Malo Lacroix, un jeune artiste visuel déjà aperçu aux côtés de Pratos. Puis on filera du côté de la grande scène où s’élan­cera notre prince lyon­nais de la house, le grand Fola­mour, lui aussi armé d’un show a/v. Pour le coup, pas sûr qu’on soit vrai­ment atten­tifs, tout occu­pés que nous serons à shaker notre booty au son des pépites funk et disco qu’il devrait distil­ler à la perfec­tion. Bonne ambiance garan­tie.

Day… and night ?

Et après tout ça, on se fait une petite nuit quand même ? Oui et même trois fois oui ! Si notre choix s’est porté sur la program­ma­tion du 26 mai, c’est aussi parce que la prog de nuit nous offre le grand retour de la rock star abso­lue DJ Harvey. Alors on pous­sera jusqu’au petit matin. Parce que fran­che­ment, quel meilleur DJ que Harvey, après s’être payé une bonne tranche de Fola­mour ? Les deux hommes partagent une connais­sance ency­clo­pé­dique et sincè­re­ment amou­reuse de la disco mais aussi un véri­table goût du risque – toujours prêts à nous surprendre, pour notre plus grand bonheur. Ça colle parfai­te­ment. Sachant que ce sera la diggeuse déglingo Jaye Ward, spécia­le­ment choi­sie par DJ Harvey pour lui ouvrir la voie… Ça va piquer au bureau vendredi ! Alexandre Queneau