Quand il ne chougne pas sur les réseaux sociaux parce qu’il n’aura pas de Victoire de la musique cette année (le pauvre, il en a déjà eu…), Benja­min Biolay remonte sur la scène de l’Au­di­to­rium pour ce qu’il fait de mieux : arran­ger ses musiques pour un concert unique avec l’Or­ches­tra Natio­nal de Lyon.

Beau gosse et boudeur, la mèche tombante et l’oeil noir, les initiales de B.B. avaient commencé par un malen­tendu, celui d’un néo-Gains­bourg pour midi­nettes qui lui aussi faisait chan­ter les filles (Keren Ann, feue Juliette Gréco, Françoise Hardy ou feue Carla Bruni). La clope, l’al­cool, l’hu­meur parfois maus­sade et le verbe volon­tiers dégueu dans les inter­views avaient fini d’en faire un Gains­bourg à la petite semaine aux tour­ments préfa­briqués par l’am­bi­tion de la jeunesse.

Le style inof­fen­sif et genti­ment anglo-saxon de son premier opus, Rose Kennedy, en faisait le gendre idéal et poli au style par trop policé. Quelques années plus tard, « Néga­tif » sonnait comme une réplique au No comment, (« affir­ma­tif ») de Gains­bourg, encore lui, et commençait de dissi­per l’équi­voque notam­ment sur scène. Mais c’est surtout avec Trash Yéyé au bide immé­rité que B.B. commence à trou­ver un langage person­nel. Moins poseur, plus direct, Biolay commence trouve la voie d’une chan­son française enfin pop rockeuse.

Musi­cien aux arran­ge­ments ultra-soignés

Sur scène, l’ou­ver­ture vers les autres de ce grand timide en mal de recon­nais­sance (sa sortie sur les Victoires le prouve) était encore plus palpable, comme la classe du musi­cien. Depuis le succès de La Superbe, il s’est de plus en plus consa­cré à des arran­ge­ments ultra-soignés nour­ris de ses influences, en oubliant un peu de travailler ses textes ou de les confier à quelqu’un (Vengeance, Palermo Holly­wood).

Son dernier Grand prix au concept un peu foireux (il regar­dait la formule 1 quand il était petit) en pâtit lui aussi. Derrière de belles intui­tions de cet éter­nel Cali­méro de l’amour (« Comment est ta peine  »), la préca­rité des textes n’y survit une nouvelle fois que grâce à son talent de musi­cien. Pas de drame donc, s’il n’aura pas sa Victoi­re… Mais rassu­rez-vous, celui qui a été formé au Conser­va­toire de Lyon en trom­bone est un arran­geur, un vrai, comme il l’avait déjà prouvé avec ses orches­tra­tions pour Vanessa Para­dis. On devrait donc assis­ter à l’Au­di­to­rium au show unique de ce Fren­chy singu­lier, à rebours des tour­nées préfa­briquées. Vive­ment qu’on le retrouve sur scène donc, c’est là qu’il est le meilleur.

Benja­min Biolay sympho­nique avec l’Or­chestre Natio­nal de Lyon. Vendredi 3 et samedi 5 février à 20h à l’Audi­to­rium de Lyon, Lyon 3e. De 30 à 48 €.

Benjamin Biolay costume cravate noir sur fond bleu.
En costard, mais pas pour les Victoi­res… (photo : Melty)