Vous venez de faire une tour­née avec plus de 80 dates et 70 000 spec­ta­teurs. Vous enchaî­nez en 2023 avec une tour­née des Zéniths. On n’avait pas l’ha­bi­tude de vous voir autant, comment vivez-vous cette fréné­sie ?

Hubert-Félix Théi­faine : « Je suis venu l’an­née dernière avec le concert « Unplug­ged » et là je reviens avec le concert « Replug­ged ». On jouait une musique plus acous­tique dans des plus petites salles. Je voulais être en inti­mité avec le public. Ça m’a rappelé mes débuts. On avait joué une ving­taine de titres et là on joue une autre ving­taine de titres. Replug­ged, ça sera plus musclé, plus Rock’n’’Roll. C’est le début, donc on y va timi­de­ment, avec du trac. Il faut rester concen­tré pendant deux heures et se souve­nir de tout ce qu’on a trouvé en répé­ti­tion. Les premiers concerts sont toujours un peu déli­cats. Encore un ou deux concerts et on sera dans le moule. On sait que c’est pour le plai­sir qu’on fait ça.

« Cette tour­née Replug­ged sera plus musclée et plus rock’n’­roll. Avec du trac, mais j’ai remarqué ue plus on a le trac, meilleur est le concert »

Hubert-Félix Thié­faine

Même après 40 ans de carrière, vous avez encore le trac ?

Ça n’a pas disparu. Je crois que c’est à vie. Je n’es­saye même pas de le surmon­ter, je le laisse me faire du mal (rires). J’ai remarqué que plus on a le trac, meilleur est le concert. Ça commence plusieurs heures, parfois plusieurs jours, voire même des mois avant. Ça dépend de la tona­lité du concert. 

Votre public a toujours été au rendez-vous. Avez-vous l’im­pres­sion qu’il a évolué avec vous ?

Complè­te­ment. Dans les années 70–80, on me disait que j’avais un public très mascu­lin. Aujourd’­hui c’est un public très large et notam­ment des jeunes. Je reviens de Lille. J’ai été souf­flé, il y avait 4000 personnes et beau­coup de jeunes. Ça me fait plai­sir. 

« Les sangliers et les chevreuils n’achètent pas trop mes disques. »

Hubert-Félix Thié­faine

Comment est votre proces­sus d’écri­ture ? Je crois que vous vivez au bord d’une forêt dans le Jura. Vivre isolé, ça vous aide à trou­ver les mots ?

C’est la deuxième forêt de France après Fontai­ne­bleau avec 25 000 hectares. Elle me rassure. Elle m’aide à trou­ver le silence et la soli­tude. Pour moi, c’est fonda­men­tal afin d’écrire de nouvelles chan­sons. Certains artistes arrivent à écrire sur des quais de gare, moi pas. J’ai besoin de me concen­trer. 

Pour­tant ce rapport à la nature n’a jamais été très présent dans vos chan­sons…

Non c’est vrai. Ça n’a jamais été un sujet. C’est l’hu­main qui est plutôt au centre de mes textes. Et puis les sangliers et les chevreuils n’achètent pas trop mes disques. Sinon je chan­te­rai en sangliers (rires). 

« Il y a eu Bob Dylan qui a été très impor­tant pour moi quand j’avais 15 ans. Je voulais être lui ! »

Hubert-Félix Thié­faine

Vous parlez souvent des chan­teurs qui vous ont inspiré. Avez-vous déjà croisé vos idoles ?

C’est vrai qu’il y a eu Bob Dylan qui a été très impor­tant pour moi quand j’avais 15 ans. Je voulais être lui. Je l’ai vu dans la rue Mouf­fe­tard, quand je commençais à chan­ter à Paris au début des années 70. Il allait ache­ter des ciga­rettes. Et puis il y a eu Ferré. Avec Léo, il y a eu cette formi­dable amitié qui s’est formée entre nous. 

Hubert-Félix Thié­faine, Replug­ged. Vendredi 24 mai au Centre des Congrès à 20h, Lyon 6e. De 36 à 47 €.