Il faudra passer les portiques de sécu­rité et se faufi­ler entre les groupes d’étu­diants pour les contem­pler, mais le voyage vaut le détour. Après avoir consa­cré une rétros­pec­tive aux photo­gra­phies du repor­ter Yann Arthus-Bertrand, l’UCLY met – litté­ra­le­ment – en lumière trente-six chefs d’oeuvre de l’art italien. Repro­duc­tions gran­deur nature rétro-éclai­rées des pein­tures origi­nales dissé­mi­nées dans les musées du monde entier, elles occupent de leurs traits sereins la verrière ainsi qu’une partie de l’an­cienne prison Saint-Paul. On est accueillis par La nais­sance de Vénus de Bottic­celli, puis guidés dans une analyse compa­ra­tive entre les grands maîtres, de Cara­vage à Michel-Ange en passant par Léonard de Vinci, Bellini ou Le Tinto­ret. À l’étage, une gale­rie de portraits raffi­nés suit les courbes de la tour ; de nuit, ils se reflètent dans les fenêtres, comme un joli clin d’oeil à la réno­va­tion archi­tec­tu­rale du lieu.

Amor sacro e amor profano du Titien. (1514)

Femmes peintres oubliées

« Cette expo­si­tion est aussi l’oc­ca­sion de redé­cou­vrir des femmes peintres, ce qui n’est pas si courant » intro­duit Anna Pastore, direc­trice de l’Ins­ti­tut Cultu­rel Italien de Lyon, en préam­bule de la visite guidée. Devant Vénus et Cupi­don, on se remé­more que loin des conven­tions du XVIe siècle à Bologne, Lavi­nia Fontana, en plus d’avoir mis au monde onze enfants, était une des artistes les plus renom­mées d’Eu­rope. Fait rare, son mari est même devenu son assis­tant. On retrouve aussi Judith et sa servante, peintes par la pion­nière Arte­mi­sia Genti­les­chi en 1612, qui repré­sente cet épisode de la Bible où deux femmes déca­pitent le géné­ral Holo­pherne pour proté­ger leur ville assié­gée. Un symbole de liberté et du courage de la condi­tion fémi­nine, l’ar­tiste étant une des rares femmes ayant réussi à deve­nir célèbre et respec­tée dans un monde éminem­ment mascu­lin. Du côté du manié­risme, c’est La partie d’échecs de la mila­naise Sofo­nisba Anguis­sola qui nous rappelle l’im­mense talent des oubliées de l’His­toire de l’art.

Voyage vers la beauté des chefs d’oeuvre de l’art italien, expo­si­tion collec­tive de repro­duc­tions avec l’Insti­tut Cultu­rel italien. De 9h à 18h (sauf le dimanche) jusqu’au 31 mars au campus Saint-Paul de l’UCLy, Lyon 2e. Entrée gratuite.