Nous aussi, on y a cru. On vous avait concocté un numéro de décembre truffé des belles expos, des beaux films, de spec­tacles même et de vacances sous la neige. On pensait que c’était ça, sauver Noël (à lire ici pour vous détendre). Que nenni. Macron et son Mini-moi Castex en ont donc décidé autre­ment. Après avoir eu le cynisme d’oser dire qu’ils étaient les cham­pions de la baisse du virus en Europe (sic), ils ont donc ajouté, comme James Bond (qui lui, ne sort toujours pas) : ça ne suffit pas. Passons donc sur la baisse de tension en réa qui autre­fois était l’al­pha et l’omega de Macron et son Mini-moi, passons sur le R à 0,5 qui autre­fois aussi donnait de la fierté à leurs épau­lettes, voilà qu’il faut encore et toujours, faire dimi­nuer les flux (les leurs ont l’air pour­tant au plus bas) et la circu­la­tion du virus. Ok, admet­tons.

Les grands commerces, essen­tiel­le­ment conta­mi­nants

Mais au fait, qu’est-ce qui a bien pu relan­cer cette circu­la­tion depuis « une semaine » après que tout aille si bien ? Une inva­sion de joggeurs agglu­ti­nés dans les ville ? Une conver­sion subite de fidèles agglu­ti­nés dans les cathé­drales ? Le petit Jésus a bon dos : les guir­landes de Noël pour Macron et son mini-moi, c’est surtout l’illu­mi­na­tion des codes barres à la caisse. Or c’est préci­sé­ment la réou­ver­ture des commerces, et parti­cu­liè­re­ment des grands, qui a créé ces flux et ces agglu­ti­ne­ments, tout le monde l’a vu. Or Mini-moi n’a pas eu un mot pour limi­ter ces commerces essen­tiel­le­ment conta­mi­nants, mais s’est empressé en revanche de fermer les lieux accueillant du public… qui l’étaient déjà.

Un choix de société, impla­cable

La logique n’est en rien sani­taire mais elle est impla­cable : derrière cet énième tartuf­fe­rie du tigre à enfour­cher, il y a surtout un choix de société, qui n’ose même pas dire son nom : on ferme salles de spec­tacle et musées dans lesquels les flux et inter­ac­tions étaient on ne peut plus limité, pour sauver le Noël de Leclerc, Carre­four, Auchan et consorts, et lais­ser crever les autres. Dans cette période sinistre, on inter­dit pure­ment et simple­ment le partage d’émo­tions humaines. C’est tragique de le dire, mais l’Etat repro­duit la logique des atten­tats de 2015 qui s’en était pris à des dessi­na­teurs, des musi­ciens, des spec­ta­teurs et des gens en terrasse, ce n’était pour­tant il n’y a pas si long­temps. Voilà qui marque dura­ble­ment un point de rupture dans notre civi­li­sa­tion. Espé­rons que ce qu’on appelle le monde la culture ne se conten­tera pas cette fois de jouer les rebelles ou les martyres sur les plateaux télé, mais qu’ils passent à l’ac­tion. Sous le même argu­ment de « propor­tion­na­lité » que pour les lieux de culte, il aurait toutes les chances de gagner son recours, s’il en faisait un. C’est tout le mal qu’on nous souhaite.