Bonne nouvelle : la plus belle expo­si­tion d’arts plas­tiques qu’on ait vu cette année est prolon­gée tout l’été au Musée d’art moderne de Saint-Etienne : Alexandre Léger, ou la révé­la­tion d’un artiste croi­sant dessin, couleurs, poésie et un imagi­naire flir­tant avec l’in­cons­cient.

Dessin. Alexandre Léger a commencé en repro­dui­sant en dessins des boites de médi­ca­ments anti-migrai­neux. On en trouve quelques reliques à l’en­trée de l’ex­po­si­tion que lui consacre le Musée d’art moderne et contem­po­rain de Saint-Etienne. C’est là qu’il faut donc aller pour décou­vrir l’uni­vers de ce nouvel artiste, dessi­na­teur à l’es­prit surréa­liste ne lési­nant pas sur une expres­sion graphique parti­cu­liè­re­ment colo­rée, frap­pée d’une intru­sion textuelle en mots fléchés ou en poèmes, qui fait encore plus de ses dessins un monde à part entière. Foison­nant même à l’in­té­rieur de petits formats, le dialogue est perma­nent à l’in­té­rieur de chaque œuvre. Format serré, surface satu­rée voire ratu­rée sur des papiers parfois usagers, la trace de vie est palpable partout, comme des œuvres qui n’en ont jamais fini, « éphé­mères le plus long­temps possible », comme il l’écrit sur un de ses plus beaux dessins, « Tempus fugit », à rebours d’un art formaté et poli, dans tous les sens du terme. Comme une panique à rester vivant par un infini de possibles à l’in­té­rieur d’une même oeuvre, démul­ti­pliant l’art du dessin en multiples réponses ou réso­nances. Son univers volon­tiers torturé ou cata­clys­mique est sans cesse distan­cié, conjuré par la vita­lité de son trait et de son imagi­na­tion. Même « les papillons ne sont pas suici­daires  » dans ce parcours en forme de détour­ne­ment de musée d’his­toire natu­relle, dans lequel on trouve aussi les stig­mates bien réels d’in­ter­ne­ments psychia­triques ou de planches anato­miques de méde­cine, de l’hô­pi­tal Bichât à la prison de Fres­nes… Mêlant jusqu’à son sang aux couleurs d’une vie qui innerve litté­ra­le­ment la toile ou le papier, sous son appa­rente modes­tie d’ap­proche, il fait du dessin une œuvre d’art totale, jusqu’à des objets minia­tures sculp­tés avec une préci­sion extrême pour termi­ner cette expo­si­tion de toute beauté. Une expo­si­tion comme on en voit peu, qui cham­boule le regard et déroute par sa singu­la­rité. Que c’est beau d’as­sis­ter à la nais­sance d’un artiste ! L.H.

Alexandre Léger, Hélas, rien ne dure jamais. Expo­si­tion jusqu’au 30 août 2020 au Musée d’art moderne et contem­po­rain de Saint-Etienne à Saint-Priest en Jarez. Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi. De 5 à 6,50 €. Tous les rensei­gne­ments sur le musée << ici >>.