Ce mois-ci la BF15 essaie de vous redon­ner la foi en invi­tant Younes Baba-Ali. Cet artiste pluri­dis­ci­pli­naire origi­naire du Maroc a été élevé en France avant de démé­na­ger en Belgique. Un détail biogra­phique qui pour­rait paraître anec­do­tique, mais qui ne l’est pas puisque c’est sous sa double casquette de “migrant franco-maro­cain installé en Belgique”, comme il se décrit lui-même, que Younes Baba-Ali regarde le monde, s’in­té­res­sant aussi bien à la ques­tion des migra­tions, qu’à l’éco­no­mie ou à l’en­vi­ron­ne­ment. Pour cette expo­si­tion créée en rési­dence cet été à la BF15, il aborde la spiri­tua­lité, un thème qui lui a été souf­flé par les clochers lyon­nais et la riche histoire reli­gieuse de la ville. Mais point de guerre de chapelle chez cet artiste qui travaille de façon contex­tuelle: il nous parle aussi bien de super­sti­tions qu’il détourne les symboles de la reli­gion musul­mane, juive ou chré­tienne, toujours dans un équi­libre déli­cat entre ironie et bien­veillance. 

Lyon­naises voilées en kit mains libres

La série Kit mains libres de Younes Baba-Ali.

Avec sa série Sebbat par exemple, il s’in­té­resse aux super­sti­tions Nord-afri­caines liées à la posi­tion des chaus­sures lorsqu’on les enlève: deux chaus­sures qui se chevauchent par l’avant prédisent un voyage proche alors qu’une chaus­sure retour­née, c’est la porte ouverte au shei­tan. On retrouve ainsi à la BF15 des chaus­sures placées dans diffé­rentes posi­tions, comme un petit lexique de leur signi­fi­ca­tion. Avec la série photo Kit main libre, il immor­ta­lise des Lyon­naises qui détournent leur voile pour y coin­cer leur télé­phone portable, dans de belles photo­gra­phies emprun­tant à l’ico­no­gra­phie reli­gieuses. Enfin, à l’oc­ca­sion du week-end Opéra­tion corrup­tion & dilu­tion à la Villa Gillet, Younes Baba-Ali orga­nise une perfor­mance avec l’ar­tiste congo­lais Androa Mindre Kolo : le perfor­meur sera instal­lée sur une croix styli­sée posée sur une dépan­neuse pour une proces­sion entre le BF15 et la Villa Gillet. Une façon de parler de la perte de foi en son travail quand on est artiste.

Dégri­se­ments, expo­si­tion de Younes Baba-Ali jusqu’au samedi 6 novembre à la BF15, Lyon 1er. Du mercredi au samedi, de 14h à 19h. Entrée libre. 

Perfor­mance avec Androa Mindre Kolo samedi 2 octobre, à 16h dans le cadre du week-end d’ou­ver­ture de la Villa Gillet.

Lire aussi notre entre­tien avec l’ar­tiste dans le numéro 91 d’Exit Mag en ligne et à paraître le 30 septembre.