Quelle drôle d’idée que de confron­ter les photos de Robert Dois­neau – l’œil noir et blanc des rues de Paris – et le peintre Jean Couty, Lyon­nais jusqu’au bout du couteau, celui dont il se servait pour étaler ses épaisses couches de couleurs. L’expo appa­raît fina­le­ment évidente quand on sait que Dois­neau a tiré de nombreuses photos d’un repor­tage sur Lyon, pour le maga­zine Life en 1950, en illus­tra­tion d’un article d’Edmonde Charles Roux. Si l’ar­ticle de la jour­na­liste, et future femme de Gaston Defferre, dépasse rare­ment les clichés, les clichés – photo­gra­phiques cette fois – montrent en revanche que même lorsque le sujet est imposé, Robert Dois­neau a un sacré œil.

Vues de la place Belle­cour de la pein­ture à la photo

Ses vues de la place Belle­cour entrent en réso­nance avec celles du peintre, dont il a d’ailleurs fait le portrait. Ainsi que des person­na­li­tés comme Edmond Locard, notre Sher­lock Holmes local. Évidem­ment, il y a toujours ces fameuses photos prises au vol dans lesquels les enfants donnent vie au paysage, mais l’expo montre aussi que Dois­neau était loin de se résu­mer à la quête de l’ins­tan­tané de rue.

Picasso toujours ludique sous l’oeil de Robert Dois­neau.

Les petits pains de Picasso

Une partie de l’ex­po­si­tion, consa­crée à ses portraits d’ar­tistes (de Marcel Duchamp à Wolinski) démontre son goût pour la mise en scène. La célèbre photo de Picasso dont les doigts semblent avoir été remplacé par des petits pains en est un des exemples des plus ludiques. 90 photos, dont 20 inédites, qui valent le dépla­ce­ment.

Robert Dois­neau. Portraits d’ar­tistes et Vues de Lyon au musée Jean-Couty, Lyon 9e, jusqu’au 30 avril. Du mercredi au dimanche de 11h à 18h. 6 €.

La place des Terreaux vue par Robert Dois­neau vers 1950.