La collec­tion Toma­selli ouvre un nouveau lieu dédié à la collec­tion parti­cu­lière des plus grands noms de la pein­ture lyon­naise : Stella, Janmot, Fleury Richard, Couty ou Truphé­mus. Le premier volet de cette expo­si­tion excep­tion­nelle est à décou­vrir à Vaise.

Discrè­te­ment, l’en­tre­pre­neur Jérôme Toma­selli, actuel­le­ment à la tête d’une entre­prise de progi­ciels, collec­tionne depuis 30 ans des peintres Lyon­nais. Essen­tiel­le­ment du XIXe siècle, mais avec quelques incur­sions plus contem­po­raines, comme Jean Couty ou Truphé­mus. Il dévoile aujourd’­hui une partie de sa collec­tion (près de 200 œuvres sur 1500). Et on peut dire que, pour qui la partie lyon­naise du Musée des Beaux arts repré­sente un chemin de croix dont de nombreuses stations provoquent des bâille­ments, c’est une illu­mi­na­tion.

Baude­laire affir­mait que « l’École de Lyon est le bagne de la pein­ture  ». Le collec­tion­neur, par ses choix, libère une cohorte de prison­niers de l’Île du Diable. Le cadre, des espaces desti­nés à servir de bureaux, dans un univers dédié aux entre­prises de tech sans moulures ni histoire, apporte une lumière fraîche sur une pein­ture dont de nombreux prota­go­nistes étaient dans l’ombre, ou quasi­ment incon­nus.

Certes, les bouquets compo­sés en pots de fleurs et les natures mortes desti­nées à termi­ner en salades de fruits inter­viennent en force dans la première salle. Ce ne sont pas les théma­tiques les plus exci­tantes. Et pour­tant, juxta­po­sés, ils montrent des diffé­rences tech­niques passion­nantes et l’ex­pres­sion de talents divers.

Jacques Stella, Vierge à l’en­fant (1657, collec­tion Toma­selli).

Comte, Stella, Domer, Janmot, Flan­drin… ils sont tous là !

La façon de trai­ter avec préci­sion de façon hyper­réa­liste de simples fram­boises, de retrou­ver avec justesse la peau pelu­cheuse de la pêche donne envie d’en savoir plus sur ce Jean Claude Pizetti dit Pizetta (1832–1894) par ailleurs virtuose sur le rendu des poils dans une nature morte repré­sen­tant un lapin. Les plus connus (à Lyon) sont repré­sen­tés par le meilleur de leur produc­tion comme Appian (belle trans­pa­rence de la lagune de Venise), Ravier (remarquable soleil couchant) ou Hippo­lyte Flan­drin (le regard puis­sant et mysté­rieu­se­ment inter­ro­ga­tif du « portrait d’une jeune femme »).

Louis Janmot, Portrait aux cheveux blonds (1857, Toma­selli collec­tion).

Plusieurs œuvres expo­sées de Janmot (l’au­teur de notre « Joconde », tête de gondole du musée des Beaux-arts) vont être prêtées au musée d’Or­say pour une expo­si­tion à venir. C’est dire qu’on n’est pas dans un cabi­net de curio­si­tés chau­vi­niste ou une simple visite histo­rique d’un patri­moine local. Les toiles sont d’une qualité excep­tion­nelles, quand elles ne sont pas des chefs-d’œuvre (Pierre-Charles Comte, Jacques Stella, Joanny Domer). Comment ne pas tomber en arrêt devant le travail de la lumière de Fleury Richard, repré­sen­tant une simple traboule, de laquelle on pour­rait tirer diverses inter­pré­ta­tions symbo­liques, dont le passage étroit de la vie après la mort.

Qui connaît Louis Eymon­net ? Et pour­tant, une toile douce inti­tu­lée « les amies » d’une tendre allu­sion saphique (un travail remarquable de détails sur la tapis­se­rie et le tapis en contraste avec la chair limpide d’une peau nue) devrait le mettre au devant de la scène. C’est ce que Jérôme Toma­selli réalise à travers un premier acte de «  dévoi­le­ment » de sa collec­tion, avant une deuxième phase au mois de mars. A ne pas manquer.

Toma­selli collec­tion. Chefs d’œuvres de la pein­ture lyon­naise du XVIIe siècle au XXIe siècle. Collec­tion 1, jusqu’au 27 février 2023, 22 rue Laure Diebold, Lyon 9e (entrez dans la cour, puis à droite, 2e étage, accès esca­lier ou ascen­seur). Métro Gare de Vaise. Lundi, mardi, jeudi et vendredi de 10h à 17h, autres jours sur rendez-vous (06 64 40 58 53). 10 €, gratuit pour les enfants.

Portrait d’Adé­laïde Salles-Wagner par l’ar­chi­tecte Bruno Bernard (présumé, 1846).